dimanche 6 février 2011

Pourquoi l'autorité et la discipline sont nécessaires à nos enfants...

Le sujet rebondit sur l’émission, « Complément d’enquête : Ados, l’autorité en faillite », diffusée sur France 2 le lundi 31 janvier 2011. Les reportages illustrent parfaitement les propos développés dans cette chronique.

Savez-vous ce qu’il y a de choquant dans ces deux mots, discipline et autorité ? C’est qu’ils choquent les gens dits « biens pensants » ! Ces deux mots, clés de voûte de l’éducation, sont depuis quarante ans, devenus proscrits, interdits, tabous…. C’est d’autant plus étonnant que ce fait est le résultat d’une révolution sociale, celle de mai 68. Qui, je vous le rappelle, avait pour slogan, « il est interdit d’interdire ! ». Ironique, non ?

Le problème est qu’on a confondu liberté avec libéralisme. On oublie que la liberté nécessite du respect. Pas le libéralisme ! On oublie que « la liberté des uns commence là où s’arrête celle des autres ! ». Que le libéralisme, une liberté sans foi ni loi, était à l’origine de l’anarchie. Ce qui ne vaut guère mieux qu’une dictature ! Loin de permettre et favoriser l’évolution et le développement en donnant les mêmes chances pour tous, c’est surtout le début d’une régression !

Les nouveaux pédagogues insistent sur la nécessité de communiquer et d’expliquer pour éduquer les enfants. Excellents conseils ! C’est même essentiel au bon développement psychologique et intellectuel d’un enfant. Mais affirmer qu’imposer des limites et interdire est préjudiciable au bon développement d’un enfant est une aberration ! C’est nier des années de recherche en pédopsychologie et c’est oublier un peu trop vite des fondamentaux : comment se structure le cerveau d’un enfant !

Sous couvert d’évolution et de modernité, on veut révolutionner l’éducation des enfants, prônant un libéralisme dangereux et préjudiciable, diabolisant des mots comme « autorité », « discipline », auréolant ces deux mots d’un parfum de souffre, les présentant comme des concepts rétrogrades… Sans songer aux conséquences !
Mais l’éducation de nos enfants, leur développement intellectuel et psychologique, n’est pas un jeu ! Les enfants n’ont pas à faire les frais d’un effet de mode, d’un nouveau concept marketing qu’est le politique correct « tout le monde, il est beau, tout le monde, il est gentil ! ».

Au final, on aboutit à quoi ? Le résultat est tragique. C’est l’anarchie dans les familles et les établissements scolaires. Les enfants et les adolescents sont de plus en plus pommés, déstructurés, incapables de reconnaître la moindre légitimité à des adultes et à un système éducatif, qui se sont dédouanés de leurs responsabilités, qui les ont abandonnés !

Les enfants d’aujourd’hui sont les otages des héritiers de mai 68. Héritiers élevés dans la crainte des abus et excès de l’autorité et de la discipline dont ont été victimes leurs parents. Au nom de ces abus et excès, c’est tout le système éducatif, familiale et institutionnel, qui a été condamné ! Balayant par là même, les valeurs saines et nécessaires au développement des enfants véhiculées, à l’origine, par ces systèmes ! Par crainte de voir ressurgir les vieux démons, ces excès et abus, la société actuelle, les politiques en tête, a basculé dans un extrémisme opposé : le laxisme.
Nous sommes donc passés de la dictature de l’autorité à l’anarchie du libéralisme !

Et on voit ce que cela donne !
Dans le film « le cercle des poètes disparus », Robin Williams joue le rôle d’un professeur réactionnaire dans un lycée privé conservateur où il a lui-même étudié quand il était adolescent. A un moment, il critique les méthodes rigides et traditionnelles de l’institution, prônant une pratique plus moderne et ouverte. Le fameux « carpe diem ». Ce sur quoi on lui répond que s’il a les moyens et les capacités d’être libre de penser et de s’émanciper des conventions et du conservatisme, c’est justement parce qu’on les lui a inculqués. La liberté de penser n’a de réalité et de saveur que si l’on sait ce qu’il en est d’en être privée !

Revenons aux fondamentaux. Il faut savoir que le cerveau des enfants se structure à différents niveaux en même temps. Intellectuellement en assimilant des connaissances, émotionnellement en créant des liens avec les autres, psychologiquement en se CONFRONTANT aux autres et au monde.
Cette confrontation va être à l’origine d’une activation d’une succession de mécanismes psychiques constructifs de la personnalité et de ce que Freud nomme, le SURMOI.
En fait, les règles, limites, lois, interdits, vont déclencher des réactions instinctives de frustration, activateur de résistances, moteur de colère. C’est généralement à ce moment là que les adultes entendent les fameuses phrases redoutées de beaucoup : « Je t’aime plus, t’es méchant ! », jetées avec colère par nos « petites têtes blondes » qui, soit dit en passant, n’ont pas, eux, le moindre scrupule à utiliser un outil psychologique TRÈS efficace : le chantage affectif, et cela juste pour vous convaincre de revenir sur votre décision et de lever l’interdit, quel qu’il soit !

C’est qu’ils sont malins ! Et c’est justement par respect pour leur intelligence qu’un adulte se doit de ne pas céder au chantage, en faisant preuve de fermeté, et donc d’autorité et de discipline, sans excès ni abus, ni violence ! La communication avec l’enfant étant FORTEMENT RECOMMANDÉE à ce moment là pour EXPLIQUER la décision d’interdire. Cela permet d’atténuer l’impact de l’opposition et permettre une meilleure gestion de la frustration de la colère et donc favoriser l’introspection qui aidera l’enfant à comprendre, à accepter, assimiler et intérioriser des règles et interdits! Même si l’étape de frustration fait momentanément souffrir, c’est un passage obligatoire pour se développer le plus harmonieusement possible. Et ça ne crée par de traumatismes!

Je rappelle que nous sommes des être sociaux, nous vivons en communauté, ces règles et interdits sont un apprentissage obligatoire pour une vie en société, en bonne intelligence.

La discipline et l’autorité sont donc des outils importants et utiles aux adultes pour aider les enfants à se structurer et donc à se développer et à grandir dans les meilleures conditions possibles. C’est le moyen de préparer les enfants à affronter les règles et lois de plus en plus restrictives que la vie leur imposera au fil de leur développement. Ces règles apprennent aux enfants à devenir des adultes, pas à rester des enfants !

Malheureusement, les adultes d’aujourd’hui ont non seulement un problème avec l’autorité et la discipline mais ils ont, de plus, développé une culture de l’infantilisme en évoluant dans une société de loisirs, refusant de plus en plus le poids des responsabilités, se déchargeant sur les institutions gouvernementales, sociales, éducatives, judiciaires. Elles-mêmes dépassées par l’ampleur du phénomène de déplacement des valeurs fondamentales.

On remise au placards des valeurs fondamentales que sont la nécessité de prendre en charge, de gérer, d’éduquer et donc d’assumer ses responsabilités au motifs qu’elles sont trop lourdes à porter. On se cache derrière des concepts marketing en se disant « Adulescent », ou le dernier terme à la mode « Adulte émergeant » ! On préfère être copain et ami avec ses enfants, jouer avec eux plutôt que les éduquer.
Beaucoup d'adultes disent ouvertement ne pas vouloir avoir le mauvais rôle avec les enfants, refusent de passer pour les "méchants"… Le problème est que cela fait parti de leur devoir! Parents, professeurs, éducateurs, tout adulte en présence d’un enfant est censé être garant des règles, des lois, des interdits et obligations. Il est dépositaire de l’autorité et de la discipline. Il est forcément un « GENDARME » ! Aussi déplaisant et ingrat que soit ce rôle, il est  NÉCESSAIRE  au bon développement d’un enfant.

Je terminerai cette chronique en vous posant une question…

Selon vous, comment un enfant peut-il interpréter le fait qu’un adulte refuse de lui inculquer les règles (Ne fais pas ci, ne fais pas ça…) et donc l’avertir des risques encourus, s’il ne les respecte pas (se mettre en danger, se blesser physiquement ou psychiquement) ?
Bref, de constater que vous préférez faire passer votre bien être personnel avant celui de l’enfant, votre enfant ?
Et cela par souci narcissique et égoïste de conserver le beau rôle et d’être « gentil », soulignant par cette attitude l’existence d’une faille, d’une fragilité émotionnelle qu’un adulte n’est pas censé montrer !
Parce que, ne vous y trompez pas, les enfants ont l’art de décrypter très vite, de manière inconsciente, mais bien réelle, les failles des adultes. Tout simplement parce que c’est structurel !

Ça ne rassure pas, n’est-ce pas ? Comprenez-vous, maintenant, pourquoi, beaucoup de jeunes ont de plus en plus de mépris pour les adultes et les institutions qui, pour protéger leur ego ou leur image, refusent de prendre leurs responsabilités en les protégeant eux, d’eux-mêmes ?

Il serait peut-être temps au nouvelles générations de parents et d’adultes de cesser de se cacher derrière des concepts infantilisants pour enfin prendre leurs responsabilités ! Et l’usage de l’autorité et de la discipline, sans excès ni abus, accompagnées d’une bonne communication est un premier pas. Ça n’interdit pas de jouer aussi avec ses enfants !

Un enfant ne vous aime pas parce que vous lui passez tous ses caprices. Il vous aime parce qu’en dépit du désagrément personnel que cela engendre chez vous, vous faites passer son bien être avant le votre !

Et s’il ne vous en remercie pas tout de suite, sachez qu’il finira forcément par le faire quand lui-même aura grandi, sera devenu adulte et rencontrera les mêmes difficultés que vous mais saura comment les gérer sereinement… Grâce à vous !


Un pédopsychiatre qui n’a pas sa langue dans sa poche et n’hésite pas à répondre à vos questions, Marcel Rufo. Il passe tous les matins de la semaine sur France 5 dans l’émission "les maternelles" et répond, en direct, aux questions des parents souvent déstabilisés.

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