mercredi 14 septembre 2011

Comment Ca fonctionne ? Qui est Moi ? Qu’est-ce que le Surmoi ? Et que vient faire Œdipe dans cette histoire ?

Sigmund Freud
C’est la rentrée ! Qui dit rentrée, dit école. Qui dit école, dit leçons. Alors pour la reprise, je vous propose un petit cours de psychanalyse.
Pour information, le coaching que je pratique puise dans divers courants théoriques de psychologie : PNL (Programmation neuro linguistique), Gestalt, psychologie comportementale, psychologie générale et psychanalyse, pour trouver des solutions adaptées aux problèmes posés. L’avantage à être multi théoriques est que cela me permet de proposer des solutions variées en fonction des sujets et de leur mode de fonctionnement, c'est-à-dire de m’adapter à chacun et non pas d’adapter chacun à un unique courant théorique.

Avec le coaching, le sujet est au cœur de la pratique et non le contraire.

Cela étant, ma formation de base, universitaire, est psychanalytique. On nous forme aux théories de Sigmund Freud et Jacques Lacan. Et au cœur de ce courant théorique, nous avons la fameuse deuxième topique freudienne, importante pour comprendre certains de nos mécanismes psychiques primaires.

La première topique de Freud divisait la psyché en trois parties, le conscient, l’inconscient et le subconscient, mais après un certain temps, il remodélisa sa théorie et, gardant toujours les trois parties, exposa sa deuxième topique : le Çà, le Moi et le Surmoi.

Pourquoi est-ce important ? Parce que ces trois parties forment une équation spécifique, unique, qui définit chacun d’entre nous selon l’importance de l’implication de l’une de ces trois parties ou des trois pour définir notre personnalité et nos modes de fonctionnement. Pour faire simple, découvrir notre équation personnelle est l’un des moyens les plus simples d’apprendre à se connaître. Mais pour découvrir cette équation, celle qui préfigurera de tout notre comportement d’adulte, il est important de savoir de quoi se composent ces trois parties.

Le "Ça" est la partie de notre psyché qui réunit tout nos désirs et envies. Imaginez un enfant de trois ans, hyper capricieux, capable de se rouler au sol, au moindre caprice, l’enfant roi dans toute sa splendeur, qui veut tout, n’importe quoi et n’importe quand. C’est votre "Ça" ! Sa spécificité est d’être hors du réel, disons qu’il n’est que désirs, fantasmes et pulsions.

Le "Surmoi" est la partie intériorisée qui englobe tout ce qui à rapport aux interdits, les lois, les conventions, les obligations, toutes ces règles morales, sociales, légales qui font que nous pouvons vivre en société. C’est la part en nous qui nous permet d’être sociable et sociale.

Le "Moi" est le fondement du "je" qu’on utilise pour parler de soi. Mais le "je" n’est que la partie consciente. Le "Moi", lui est plus complexe. Il est le résultat d’un compromis entre le "Ça" et le "Surmoi".

Et Oedipe dans tout ça ? Le complexe d’Oedipe est cette période de la vie avant l’intériorisation des règles et des interdits, quand l’enfant se laisse guider plus par ses pulsions que par ses obligations. Freud utilisait le mythe d’Œdipe pour définir cette période pulsionnelle car, qui mieux que le mythe d’Oedipe pour représenter la transgression et l’interdit. Quoi de plus interdit que de désirer sa mère et vouloir tuer son père quand on est un petit garçon et désirer son père et vouloir tuer sa mère quand on est une petite fille ?
La petite enfance, la période Oedipienne, est cette étape d’apprentissage, d’intériorisation des interdits jusqu’à l’âge de 7- 8 ans où l’enfant apprend à intégrer et intériorise les interdits au moyen du refoulement. Cette intériorisation des interdits réapparaît sous la forme du "Surmoi". Le "Ça" confronté à la réalité génère le "Moi".

Jacques Lacan
Quand on fait un travail sur soi, se connaître, c’est définir, via le "je", comment le "Moi" est constitué. Quelle est la part d’influence du "Ça", du "Surmoi" ? Quel point faut-il travailler ? La réponse à ces questions permet tout simplement d’orienter le travail et donc de proposer au mieux les solutions les plus adaptées.

jeudi 1 septembre 2011

Pourquoi nous soumettons-nous à l'autorité...

L’une des premières décisions prise par le président Obama fut de fermer Guantanamo. Pourquoi ? Parce que plusieurs scandales permirent de révéler que cette prison fédérale pratiquait la torture psychologique et donc ne respectait pas les conventions de Genève, portant signées par les Etats-Unis. Conventions qui garantissent la protection, et le respect de l’intégrité des personnes emprisonnées. Alors comment expliquer qu’un pays qui se dit "civilisé" en soit arrivé à pratiquer et à laisser pratiquer des actes de tortures ? La question soulevée par cette réalité est de taille et ne fait que mettre en exergue un mécanisme psychique aux répercutions aussi surprenantes qu’effrayantes mais qui n’est pas nouveau. Il s’agit de la question de la soumission à l’autorité. Autorité qui s’arroge tout, soumission qui permet tout, même le pire.

C’est d’ailleurs sur la base de ce principe qu’Hitler est parvenu à convaincre tout un pays à le suivre dans son projet d’épuration ethnique. Vous êtes-vous jamais demandés comment un homme, un seul, était parvenu à entraîner tout un pays, l’Allemagne, à accepter de participer à un génocide de 6 millions de personnes ? Et cela de manière si structurée et organisée ? C’est incroyable, complètement fou, et pourtant, contrairement à ce que certains négationnistes osent dirent, les camps de concentrations et d’exterminations ont bel et bien existé. Plus surprenant encore, est de constater que l’influence d’Hitler était telle qu’il avait convaincu des individus de pays étrangers et envahis, comme la France, de collaborer pour participer à ce macabre projet.

L’histoire regorge d’exemples d’horreurs commises aux noms d’idéologies de toutes sortes et pratiquer sans états d'âme par la simple mise en place et application du mécanisme de soumission à l’autorité.

Mais qu’est-ce que ce mécanisme de la soumission à l’autorité ? Comment fonctionne-t-il ? Est-il nécessaire ou dangereux ?




Stanley Milgram
Pour comprendre ce mécanisme, Stanley Milgram, psychologue américain, a réalisé, en 1960 et 1963 l’une des expériences les plus connue au monde. Il a cherché à évaluer le degré d’obéissance d’un individu devant une autorité qu’il juge légitime et à analyser le processus de soumission à l’autorité, notamment quand elle induit des actions qui posent des problèmes de conscience au sujet. (Définition reprise dans Wikipédia). Je n’entrerais pas dans le débat, déontologique et éthique que cette expérience a soulevé, tout simplement parce que tel n’est pas l’objet du propos de cet article et que, quelques soient les raisons de ce débat, légitime soit dit en passant, l’histoire avec un grand H, nous a révéler qu’elle ne remettait pas en cause les résultats.

Paramètres de l’expérience :

L’expérimentateur (E) amène le sujet (S) à infliger des chocs électriques à un autre participant, l’apprenant (A), qui est en fait un acteur. La majorité des participants continuent à infliger les chocs jusqu'au maximum prévu (450 V) en dépit des plaintes de l'acteur.

Par voie d’annonce, les chercheurs d’une université ont recruté des candidats disposés à participer à une expérience sur l’apprentissage, moyennant une faible rétribution. L’expérience se réalisait en binôme, c'est-à-dire par deux. L’un des candidats "tiré au sort", jouait le rôle de "l’élève", l’autre devant jouer le rôle du moniteur. Dans une salle, le laboratoire des chercheurs, on installait "l’élève" sur une chaise "électrique" reliées par de nombreux fils à une console où était installé le "moniteur". Le but avoué de l’expérience était de demander au "moniteur", en présence du scientifique, de poser des questions à l’élève qu’il devait punir d’une décharge électrique de plus en plus puissante à mesure que l’élève se trompait.
En fait, la chaise électrique n’en était pas une et "l’élève" était un acteur qui simulait la souffrance à chaque fausse décharge.
L’objectif non avoué des chercheurs était d’étudier les conditions nécessaires pour obtenir la soumission d’un individu face à des ordres pouvant poser un problème de conscience. Seul le comportement du "moniteur" était testé et évalué. En l’occurrence, il s’agissait de voir, grâce au voltage progressif des punitions, jusqu’à quel point un individu était capable d’obéir à une consigne avant de décider d’arrêter et donc de remettre en question la légitimité de la consigne et donc de l’autorité.

Les résultats :
Les résultats ont été stupéfiants. 62.5% des individus testés infligeaient des décharges allant jusqu’à 450 Voltes. C'est-à-dire pouvant entraîner la mort.

Pourquoi un tel résultat ?
Il faut rappeler que l’être humain est un être social. Et que pour vivre en société, il faut établir et respecter des règles. Ce qui signifie donner à certain le pouvoir de légiférer et à d’autre donner le pouvoir, la légitimité, de faire respecter ces règles. Ce qui va donc hiérarchiser la société.
L’équilibre d’une société s’appuie sur la base du respect de cette hiérarchie et donc de cette autorité.
A partir du moment où les ordres de cette autorité n’entre pas en conflit avec la conscience de l’individu qui s’y soumet, qu’il y a une acceptation volontaire, il y a ce que nomme Salomon Asch, psychosociologue, du conformisme.

Plus encore, plus un ordre se réfère à une tâche morcelée et spécifique, désolidarisée de la tâche précédente et suivante et plus il sera facile de soumettre un individu et de le faire obéir à un ordre. Aussi monstrueux soit-il. C'est ce qui s'est passé avec l'Allemagne. Chaque individu avait une tâche à accomplir. Arrêter des gens, les faire monter dans le train, les conduire aux camps, les surveiller, les faire entrer dans les chambre à gaz, les gazer, les brûler. Chacun n'avait QU'UNE TÂCHE à accomplir. Ce n'était que des maillons d'une chaîne.

Mais si un ordre entre en conflit avec la conscience, ou que l’ordre en conflit avec la conscience est peu clair ou même contesté, comme deux parents qui se contredisent ou conteste un ordre ou un punition devant un enfant, l’enfant, l’individu se libère de l'autorité et reprend spontanément son libre arbitre et donc son propre jugement.

Sauf dans deux occasions :
Lorsque l’autorité reconnue est considérée comme légitime, un général d’armée, un président, un médecin, un gendarme, un expert scientifique…Un parent. Toute personne détentrice d’un savoir, d’un pouvoir et donc de légitimité. Et plus cette personne sera placée haut dans la hiérarchie sociale, intellectuelle, professionnelle, plus elle sera considérée, légitimée et plus elle se fera obéir aveuglément.
Ou bien si un ordre est suivi par une majorité d’individu. Le nombre l’emporte sur la conscience. Le collectif sur l’individuel.
Dans ces deux cas nous avons bien de la soumission à l’autorité. Même si cela va à l’encontre de la conscience.

Conclusion :
L’autorité est nécessaire au bon fonctionnement d’une société et donc de toute bonne cohésion  sociale. Nous avons pu le voir avec l’exemple des parents qui se font, ou pas, obéir, selon qu’ils soient en accord ou en désaccord. Cependant, tout excès d’autorité peut très vite pousser à des excès monstrueux, difficilement imaginables et pourtant bien réels. Comme l’extermination des 6 millions de Juifs pendant la deuxième guerre mondiale, ou la torture dans la prison de Guantanamo.

L’équilibre d’une société tient parfois à peu de chose. Il ne s’agit ni de juger ni de condamner, mais de comprendre qu’un mécanisme psychique comme la soumission à l’autorité peut très vite amener à des débordements, des excès et des horreurs. En l’occurrence, la torture pratiquée par des militaires et des médecins Américains, éduqués dans le respect de la vie et de l’intégrité humaine et qui, sous couvert de protéger sa population d’éventuels actes terrorismes s’arrogent le droit, avec la permission tacite du gouvernement, je rappelle que cette prison est bien sous le contrôle de l’état, de pratiquer ce qu’ils sont les premiers à condamner dans les autres pays.

Certains pensent : Qui veut la fin, veut les moyens. Mais jusqu’où peut-on et doit-on aller ? C’est une question à laquelle vous devez et ne pouvez que répondre seuls. Le principe de soumission à l’autorité est un mal nécessaire, tant qu’on évite déviances et abus en tout genre. Mais encore faut-il savoir quelles sont les limites à ne pas franchir. Or nous vivons dans des contextes, des environnements dont nous ne contrôlons pas toutes les données, les paramètres. L’idée étant, à chaque fois, d’essayer d’agir avec son âme et conscience. Et la manière façon d’y parvenir est de commencer par s’informer et douter, afin de toujours conserver son esprit critique et son libre arbître. Ce qui est loin d’être facile, n’est-ce pas ?

Si vous voulez voir comment est réalisée l’expérience, je vous conseille le film "I comme Icare" de Henry Verneuil de 1979. Indépendamment du fait que ce thriller retrace ni plus ni moins, sous forme de fiction, la contre enquête de Jim Garrison, le procureur américain qui enquêta sur la mort de John Fitzgerald Kennedy et développa la théorie du complot, sujet du  film "JFK" de Oliver Stone, l’une des scènes du film montre l’expérience de Milgram de manière très claire et explique parfaitement les mécanismes mis en œuvre. Vous pouvez aussi retrouver la scène de ce film sur You tube.


New York, Unité spéciale


Depuis de nombreuses années l’expérience est reproduite avec plus ou moins de variables. La série "New York, unité spéciale" sur TF1 diffusait ce lundi soir 29 Août 2011 l’épisode n°17 de la saison 9  "jeux de pouvoir" avec Robin Williams consacré à l’expérience de Milgram revisitée mais toujours aussi significative…