lundi 16 janvier 2012

Que signifie être un homme ou une femme au 21 ème siècle et en quoi cela a-t-il des incidences sur les couples ?

Pourquoi une telle question ? Parce qu’elle est à l’origine des déboires de nombreux jeunes couples hétérosexuels. Qui dit couple, dit complémentarités et donc distributions des rôles. Et c’est là que ça se complique. Pour beaucoup, être en couple est censé être simple. C’est le moyen d’unir les compétences de deux individus complémentaires pour réaliser un projet de vie commun que seuls, ils ne pourraient réaliser. Or, dans l’inconscient collectif de nombreuses personnes, les compétences de chacun (fort-faible), à la base du rôle que chacun tient dans le couple (dominant-dominé), sont liées à son genre (masculin-féminin).

Pour faire simple, être en couple c’est forcément mettre en évidence et exploiter au mieux les compétences naturelles liées à son sexe. L’homme est fort et donc chef de famille, ramenant l’argent ou du moins de quoi nourrir sa famille. La femme est la génitrice, elle fait les enfants, les élève, les éduque et donc doit rester à la maison pour gérer le foyer.

Deux genres, deux types de compétences, deux rôles parfaitement définis.

Sauf que ce n’est plus le cas. La société a évolué. Les rôles ont été redistribués. Et si le mariage a le vent en poupe actuellement, c’est probablement, indépendamment des avantages fiscaux qu’il procure, ne soyons pas naïfs, parce qu’il continue d’être porteur de repères stables et rassurants liés à une conception passée et même franchement dépassée du mariage. Et qui dit conception dépassée, dit souvent réalité décevante. Résultat : un mariage sur deux finit en divorce.

Attention, cela ne signifie pas que le mariage ou plus simplement la vie de couple soit un modèle obsolète. Loin de là. C’est sa conception, l’imaginaire collectif qui enrobe cette conception, qui est à revoir et actualiser. Il s’agit de séparer ce qui a été si longtemps confondu, du fait du fonctionnement de la société, l’aspect biologique de l’aspect psychologique.

Et cela revient à revoir les modèles du passé, les décrypter pour comprendre d’où vient cette confusion, cette erreur de perception à l’origine des échecs actuels, si nombreux. Ce qui passe par définir et redéfinir ce que signifie être un homme ou une femme au 21 ème siècle. Car contrairement aux couples homosexuels, les couples hétérosexuels n’ont toujours pas compris, parce qu’ils étaient composés d’individus de sexes différents, que compétences et rôles étaient principalement liés à l’aspect psychologique, à la personnalité, qualités et défauts intrinsèques de la personne et non pas au sexe (masculin-féminin).

Pour séparer la biologie de la psychologie, les compétences innées des compétences acquises, revenons à ce qui définit un homme et une femme.

D’un point de vue biologique :
Chaque individu détient 46 chromosomes soit 23 paires de chromosomes. 23 Venant de la mère et 23 autres venant du père. Sauf exception, comme avec le syndrome de Down appelé aussi trisomie 21, où il y a 3 chromosomes au lieu de 2 à la "paire " 21, ou bien lorsqu’il y a à la 23 ème "paire" XYY, ou XYYY, combinaison longtemps associée à de l’hyper agressivité à l’origine des tendances homicides de ceux qui en étaient porteurs, théorie invalidée depuis.

Spécificité des hommes. Genre : masculin. Génétiquement, sa 23 ème paire de chromosomes composant sa spécificité sexuelle est XY. Ce chromosome Y est très important. Sa présence est à l’origine de la fabrication d’une hormone, la testostérone à l’origine des organes sexuels masculins, pénis et testicules, prostate, de la pilosité, de la structure osseuse du bassin, et une masse musculaire peu graisseuse, ce qui se traduit, du moins pour ceux qui l’entretiennent, d’une certaine musculature.
C’est également l’hormone de l’agressivité.

Spécificité des femmes. Genre : féminin. Génétiquement, sa 23 ème paire de chromosomes composant sa spécificité sexuelle est XX. Bien que possédant un peu de testostérone dans le sang, c’est en trop faible quantité pour avoir une influence biologique significative telle l’apparition d’organes masculins. Cela étant, cela peut arriver comme avec le cas des personnes hermaphrodites, c'est-à-dire possédant des organes génitaux masculins ET féminins. La combinaison XX est à l’origine de la présence d’hormones féminines telle que la progestérone, l’œstrogène et la neurohormone appelée ocytocine qui a la particularité d’être la neurohormone de l’attachement. Les femmes développent donc des organes sexuels féminins, utérus, ovaires et trompes de fallope, une poitrine avec des glandes mammaires permettant la lactation, une faible pilosité, une structure du bassin permettant la gestation et une masse musculaire associée à une masse graisseuse permettant de favoriser la gestation.

D’un point de vue psychologique :
Pendant longtemps on confondait spécificités biologiques avec compétences psychologiques. La masse musculaire et l’agressivité étant l’apanage des hommes, la société a spécialisé les hommes aux tâches extérieures, difficiles physiquement, allant jusqu’à valoriser cette force et l’étendant à leur psychologie en laissant croire que force physique signifiait aussi force mentale, force de caractère et donc intelligence. Les hommes se trouvaient donc parés de compétences et de qualités qu’ils n’avaient pas forcément.
A l’inverse, les femmes, de part leurs compétences de génitrice et d’éducatrice étaient cantonnées à des tâches intérieures, peu démonstratives, et donc peu valorisantes. Leur manque de force physique fut associé à de la faiblesse, de la fragilité, et donc d’une faible force de caractère et donc d’une faible intelligence. Les femmes se trouvaient donc affublées de "défauts" qu’elles n’avaient pas forcément.

La nature imposait les règles et modelait les comportements de l’être humain, l’obligeant à se plier à ses contingences. D’où, pour la survie de l’espèce, l’obligation pour l’homme et la femme de respecter le rôle que la biologie avait conditionnée pour eux en les parant de compétences COMPLÉMENTAIRES aussi essentielles les unes que les autres mais que l’esprit humain QUALIFIERA subjectivement de qualités et défauts au moment où des changements notables imposeront la confrontation entre hommes et femmes.

Mais jusque là, tant que les rôles de chacun étaient dévolus en fonction des compétences physiologiques, elles-mêmes associées à des particularités psychologiques, il était rapide de faire des amalgames entre biologie et psychologie, sachant que, de plus, les rôles de chacun, complémentaires et n’empiétant pas sur le territoire de l’autre, ne souffraient d’aucune comparaison entre les sexes, ce qui auraient pu corriger cette confusion entre genres et compétences.

Sauf que, je le rappelle, la société a changé. Les rôles de chacun ont été modifiés au cours du temps, se mêlant, se confrontant, et s’opposant là où, finalement il n’y avait aucune raison de s’opposer. Mais comment un tel changement s’est mis en place et avec quelles conséquences ?

Avec l’industrialisation du début du 20 ème siècle, l’Homme a commencé à inverser le rapport de force entre l’Homme et la nature. La complémentarité n’apparut plus comme une évidence. L’évolution industrielle, la mécanisation, facilitant le travail, permettait aux femmes d’utiliser des compétences que les hommes pensaient être les seuls à posséder. La force. Ce qui sous entendaient qu’elles pouvaient être parées également d’intelligence puisque les deux étaient communément associées. Ce fut le début d’un combat acharné entre hommes et femmes. Les uns faisant actes de résistances face à un changement qu’ils n’étaient pas disposés à accepter, après tout, eux n’avaient rien demandés, et les autres qui découvraient qu’elles étaient parées de qualités qu’on ne leur avait jamais reconnues mais qui existaient bel et bien.

La première victimes de ce conflit : le couple. Si le rôle de chacun et chacune n’était pas si évident, alors comment se comporter ? Comment construire avec l’autre si on ne sait quel est son rôle puisque les compétences ne sont pas nécessairement complémentaires ?

Avec les années 50, l’après guerre accéléra les changements et l’évolution des mœurs surtout grâce au besoin de plus en plus prégnant de reconnaissance des femmes. Elles avaient prouvé qu’elles avaient joué un rôle important dans l’industrie de l’armement et dans la préservation de la vie alors que les hommes la détruisaient au combat. Cependant, les femmes n’étaient toujours pas maîtresses de leur destin et encore moins de leur utérus. En faisant des enfants, elles se retrouvaient piégées à la maison, cantonnées dans des tâches ménagères.

Avec les années 60 et 70, c’est le début de la révolution sexuelle. Les femmes prenaient le pouvoir sur la nature en accédant à la contraception et au droit à l’avortement légal. Elles pouvaient ne plus être de simples incubateurs. Mais face à ces changements, la résistance des hommes se renforça. Les rôles perdurèrent, alimentés par une politique machiste contraignant les femmes à rester dépendantes du bon vouloir de leur mari. Ainsi une femme ne pouvait pas travailler, ni ouvrir un compte en banque en son nom propre. Elle devait avoir la permission de son père pour les célibataires ou de son mari pour les femmes mariées…
En conséquence de quoi, les femmes durent durcir le ton et des mouvements féministes extrêmes naquirent. Le MLF, Le mouvement de libération de la femme, apparut. Bien évidemment, la résistance masculine s’accrut. Les féministes étaient traitées d’Amazones qui détestaient les hommes. Ce qui était rarement le cas bien que cette réaction ait peut-être développé ce genre de réaction extrême chez une minorité de femmes. En même temps, à force de chercher, on finit par trouver, n’est-ce pas ?

Les hommes s’étaient arrogés le pouvoir absolu sur les femmes depuis la nuit des temps sans opposition de la part des femmes car la situation et le contexte ne le nécessitaient pas. Les choses changeaient. Ils eurent peur de perdre leurs privilèges et s’y accrochèrent d’autant plus. Ils traduisirent la revendication des femmes à être reconnue et comme ayant les mêmes droits que les hommes comme une déclaration de guerre. Après tout, si les femmes acquerraient leur indépendance, que restait-il de pouvoir aux hommes ? Que devenaient-ils ? Les fondements mêmes du couple et de l’identité sexuelle vacillaient, déclenchant une peur viscérale et une levée de boucliers sous forme de discriminations et une politique de dénigrement systématique des féministes et de leur mouvement. Étrange ce que la peur peut déclencher, n’est-ce pas ? Ne souriez pas, le combat reste malheureusement d’actualité, bien que nous soyons au 21 ème siècle… La différence de traitement des salaires entre hommes et femmes en est un triste exemple… De même que la remise en question récurrente du droit à l'avortement dans de nombreuses sociétés dites modernes et démocratiques.

Avec les années 80, les femmes comprirent que la bataille ne pouvait se gagner dans les affrontements directs. Opposer les hommes aux femmes n’avait aucun sens. Les femmes ne sont pas et ne seront jamais des hommes et vice versa. Le combat devait se mener ailleurs. Elles partirent donc à la conquête, du travail, de la famille, de la vie sociale… Elles étaient sur tous les fronts, bataillant pour prouver qu’elles pouvaient réussir sur tous les plans sans rien sacrifier… Les wonderwomen étaient nées. Michel Sardou avec sa chanson "Femmes des années 80" sut parfaitement l’illustrer.

Avec les années 90, ce fut le temps des bilans. Les femmes avaient bien gagné en reconnaissance. Elles étaient capables de réussir comme les hommes, voire mieux pour certaines, mais à quel prix… Elles prirent conscience qu’elles ne pouvaient tout avoir et devaient faire des choix. Emergea alors un besoin plus fondamental, celui d’exister par elles-mêmes et non pas en complémentarité ou en opposition aux hommes. Elles revendiquèrent de plus en plus le besoin d’exister pour elles-mêmes et non pas en tant qu’épouse de, compagne de, mère de, employée de… Les hommes en perdirent leur latin au point de faire naître une nouvelle génération d’hommes complètement paumés, incapable de savoir que faire et comment se comporter avec les femmes tandis qu’un certain nombre d’entre eux choisissaient de se réfugier dans les anciens schémas au point de devenir de véritables machos… Et puis, on commença à trouver de nouveaux schémas. Les métro sexuels, ces hommes qui s’occupent d’eux et de leur apparence comme le fait une femme, tout en restant des hommes virils et sûrs de leur pouvoir, apparaissaient timidement.

Avec les années 2000, alors que les hommes commencent à explorer de nouveaux schémas, les femmes plongent plus encore dans la confusion. On note même une certaine régression des comportements féminins. Face à une nouvelle approche de la féminité et du rôle de la femme, certaines choisissent de suivre le chemin tracé par certains hommes et trouvent refuge dans des comportements et mentalités issus des schémas stéréotypés de la femme soumise… Seulement les divers combats féminins ont laissé des traces. Difficile pour les femmes de faire machine arrière… On peut toujours dire et penser que la femme à la maison, c’est l’idéal, mais dans les faits, la liberté de choisir et de pouvoir librement vivre sa vie autrement, parasitent et perturbent en permanence ces décisions tirées d’un passé révolu… Je rappelle qu’un couple sur deux divorce aujourd’hui… Il n’est pas difficile de comprendre que pour les couples non mariés, les séparations sont encore plus nombreuses. De là à en déduire que les schémas comportementaux tirés du passé ne sont plus appropriés est une évidence. Les hommes ne savent que faire. Le machisme est dépassé mais être un métro sexuel est encore trop pour certains.

Alors que faire ? Nous avons vu qu’être un homme ou une femme ne définissait pas automatiquement un comportement et donc un rôle. Le développement de l'imagerie médicale a permis de s'intéresser aux différences cérébrales, sur lesquelles s'appuient de nombreuses personnes, pour aboutir au résultats que les différences physiologiques entre les cerveaux des femmes et celui des hommes n'étaient pas significatives et donc ne justifiaient plus des différences de traitements stéréotypés.
Il est fort à parier que les modèles du futur sont encore à construire, que certains modèles présents sont encore à l’essai, tel le phénomène des hommes-enfants, les Peter Pan, qui refusent de grandir et qui s’étonnent ensuite de ne pas trouver de partenaire… Le prince charmant n’a jamais existé, de même que la princesse charmante… L’homme idéal et la femme idéale n’existent pas… le couple idéal encore moins. Plus que de savoir en quoi être un homme ou une femme définit le rôle de chacun dans le couple, c’est savoir qui l’on est et ce que l’on veut partager qui est essentiel. Chercher à reproduire le schéma de couple de nos parents n’a plus aucun sens. Une femme n’a pas à savoir obligatoirement cuisiner et les hommes peuvent exprimer leurs émotions sans craindre de se trouver affubler de mauvaise compagne pour madame et de femmelette pour monsieur… Les stéréotypes ont la vie dure. A chacun d’entre nous de les revisiter pour les changer.

Être un homme ou une femme au 21 ème siècle c’est avant tout s’accepter avec ses compétences et caractéristiques biologiques innées mais aussi avec ses particularités psychologiques, ses forces et ses faiblesses, ses acquis. Les changements de rôle des hommes et des femmes sont la conséquence des changements de la société pas de changements des genres. Inutile de culpabiliser de ne pas correspondre aux schémas du passé.

Les femmes au caractère bien trempé ont toujours existé de même que les hommes émotifs. Cela ne remet pas en question la féminité d’une femme ou la virilité d’un homme sinon dans notre perception et au regard de nos conceptions passées pas de la réalité.

Alors suis-je toujours un homme si je manifeste des caractéristiques qu’on attribue généralement à une femme, douceur, émotivité, tendresse, délicatesse ? Suis-je toujours une femme si je manifeste des caractéristiques qu’on attribue généralement à un homme, agressivité, volonté, force de caractère, ambition ?
La réponse est naturellement OUI. Mais avant d’attendre que les autres vous en assurent et vous rassurent, peut-être faut-il que vous en soyez convaincus.
Cessons de confondre genres avec caractéristiques et caractéristiques avec rôles. Évitons les raccourcis et les amalgames.

A la question : que signifie être un homme ou une femme au 21 ème siècle ? La réponse ne dépend que de vous, de ce qui vous définit physiquement et psychologiquement indépendamment de tout schéma et stéréotype. Vous verrez que par voie de conséquence votre couple s’en trouvera plus facile à construire et cessera d’être un facteur de déception.

Tout reste à faire… A vous de jouer.

Pour plus d'informations sur les préjugés liés au "genre", et les dernières découvertes en neurosciences brisant les stéréotypes fortement ancrés dans notre inconscient collectif, je conseil fortement la conférence de Madame Vidal diffusée sur You Tube à l'adresse suivante:
https://youtu.be/ERaSCECpbSk

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