lundi 14 novembre 2011

L’Autre, cet inconnu qui me ressemble tant…

L’être humain est un être de paradoxe. Alors qu’il perçoit l’Autre, l’inconnu, comme potentiellement, autant pour son intégrité physique que psychique, il en a également un besoin vital pour exister, survivre et se construire. C’est ce besoin contradictoire qui est à l’origine d’un trouble psychique couramment observé mais souvent sous estimé : l’anxiété sociale.
Selon son intensité, on parlera de phobie sociale, de personnalité évitante, schizoïde, inhibée, introvertie ou timide. Pour beaucoup, ce trouble est léger et n’occasionne pas de gènes véritables, pour d’autres, ce peut être une véritable souffrance.

Comment expliquer l’apparition de tels troubles ? Pourquoi certains y sont-ils plus sensibles que d’autres ? Quelles sont les solutions pour en sortir ?

L’homme est un être sociale. Son instinct grégaire le pousse à tisser des liens avec ses congénères pour deux raisons principales : son besoin fondamental et génétique de se reproduire, et la nécessité qu’il a de se protéger d’éventuels dangers. N’ayant pas de caractéristiques physiques lui permettant de ne compter que sur lui-même, il n’a eu le choix que de s’associer pour unir ses forces et ainsi mieux pouvoir se protéger, selon le principe que l’union fait la force.
Il s’agit donc d’un instinct de survie primaire, physique. La conséquence : l’être humaine est sociable et donc se doit de développer des aptitudes psychologiques de sociabilité. Ne nous étonnons pas, dans ce cas, de voir tant de réseaux sociaux se développer autant comme Twitter ou Facebook, sans parler des blogs.

De fait, cette nécessité, cette dépendance à l’autre, se trouve en totalement contradiction avec un autre besoin de survie : se protéger de l’Autre. Nous l’avons vu dans l’un des précédents articles "Moi, cet Autre que je ne connais pas… ", l’Autre est une part de soi qu’on ne connaît pas, mais l’Autre, c’est aussi ces parfaits inconnus qu’on croise tout au long de notre vie et finalement, puisqu’une part de nous nous échappe et nous effraie alors qu’il s’agit bien de nous-mêmes, on peut comprendre que notre instinct nous pousse d’autant plus à nous méfier de ceux qui ne sont pas nous : Les Autres.

Famille, amis, compagnons, relations, inconnus, les Autres sont aussi tous ceux qui ne sont pas nous. Ils peuvent vous blesser, vous humilier, vous rejeter, vous faire du mal physiquement ou psychologiquement. Et pourtant. Nous devons leurs faire confiance, a minima, parce que nous avons BESOIN d’eux, d’être rassuré, protégé, aimé d’eux. Leur regard est le miroir par lequel on se voit grandir, évoluer, progresser, exister, car nous sommes des êtres d’émotions que le rapport avec l’Autre nourrit.

Nous voilà donc face à un paradoxe. Vivre avec ceux dont on se méfie… Comment faire ? Comment trouver le bon équilibre pour supporter de devoir vivre avec un danger potentiel pour se protéger d’autres dangers potentiels ? L’équation est difficile à résoudre n’est-ce pas ? Et chacun de nous la résout à sa manière, avec plus ou moins de réussite. Mais quand la résolution n’a pas lieu que se passe-t-il ? On développe une anxiété sociale.

Mais comment expliquer que certains résolvent mieux cette équation que d’autres ?
Plusieurs facteurs peuvent jouer un rôle. La génétique, tout d’abord. Certaines personnes sont génétiquement programmées sans failles particulières aux liens sociaux. Pour d’autres il peut y avoir certaine prédisposition autistique, c'est-à-dire une certaine incapacité à créer du lien social, à décrypter les règles de sociabilité, à entrer en empathie avec leur entourage. Ce cloisonnement, cette incapacité, si elle s’accompagne d’une intelligence normale, n’aura pas de grandes conséquences. A défaut de ressentir et de créer des liens basés sur l’émotion on peut toujours assimiler,reproduire et imiter les schémas comportementaux observés autour de soi : relations amicales, professionnelles…
Car l’environnement est également un facteur essentiel. Peu stimulant, peu rassurant, peu sociabilisant, l’environnement peut devenir un handicap pour développer une confiance suffisante en l’Autre et donc éviter une anxiété sociale. Le fait est que c’est durant notre petite enfance puis enfance et parfois jusqu’à l’adolescence que la nature et la qualité de notre environnement va conditionner la majeur partie de notre rapport aux Autres.
Dès le début de notre vie, bébé, nous sommes dépendants de nos parents, des adultes. Que ces adultes soient rassurants, prévenants, aimants, tout en favorisant le contact avec le monde extérieur, accompagnant le bébé dans sa relation à l’Autre, le guidant, et le bébé aura une approche rassuré et sécurisé du monde extérieur et donc des Autres. Il aura été élevé dans ce qu’on appel un environnement "sécure", structurant. Devenu enfant, puis adolescent et enfin adulte, cet expérience servira de modèle et encouragera l’individu à aller vers les Autres. A l’inverse, un bébé ignoré, délaissé, ou au contraire étouffé, surprotégé, développera à l’excès, soit un manque total d’estime de soi et percevra le monde extérieur comme dangereux et peut rassurant, soit un excès d’assurance, un ego surdimensionné, rendant l’individu inadapté au monde extérieur et donc à l’origine d’un comportement amenant les Autres à rejeter, repousser, blesser, cet individu qui se surévalue. Au final. Sous protégé ou surprotégé, les conséquences peuvent être dramatiques et occasionner le développement d’une personnalité déstructurée, anxieuse, évitante et donc créer une véritable peur des Autres.

Un incident, un accident, une agression, survenu à l’âge adulte, peut être à l’origine d’un traumatisme susceptible également de développer une crainte, une peur du monde extérieur et donc des Autres.

Quelles sont les solutions pour résoudre cette fameuse équation et vivre en parfaite harmonie avec les Autres ?
Nous l’avons vu, pour les enfants, les guider et les rassurer tout en les encourageant à aller vers les Autres est déjà un bon début.
Pour les adultes ayant vécu un traumatisme, faire un travail sur soi, apprendre à se faire confiance pour retrouver une confiance dans les Autres, accepter l’idée que nous n’avons pas toujours le contrôle des évènements et donc des accidents de la vie est un premier pas vers la réparation et la récupération de la confiance qu’on peut porter aux Autres.
Car la confiance est le maître mot de la résolution de cette équation.

Avoir confiance dans les Autres passe par avoir confiance en soi, apprendre à se connaître, s’aimer et s’accepter, avec ses qualités et ses défauts. Même génétiquement défaillant, ou ayant vécu dans un environnement peu stimulant socialement, il est toujours possible d’améliorer son rapport à l’Autre, en commençant par s’imposer des activités de groupes : sports collectifs, clubs artistiques (théâtre, chant, choral), participation à des activités associatives… Ou si la phobie sociale est trop forte, faire un travail sur soi avec un thérapeute formé en programmation neurolinguistique ou en thérapie comportemental. Dans tous les cas, il y a toujours les moyens de surmonter ce que certains estiment être insurmontables. Ainsi combien d’entre vous sont célibataires parce qu’ils redoutent le regard de l’Autre ? Dommage de limiter son univers parce qu’on a trop peur pour aller à la confrontation. Je parle bien de confrontation car la rencontre avec l’Autre est toujours une aventure. Nous ne savons jamais si cela va bien se passer. Mais pour le savoir, il n’y a qu’une solution. Et souvenez-vous toujours que l’Autre est comme vous. Il fonctionne en majeure partie comme vous, aime et déteste certaines choses, comme vous. Et surtout il redoute les mêmes choses et surtout une : Ne pas être aimé. L’Autre vous ressemble beaucoup plus que vous ne le croyez. Différent et si semblable. Alors, prêt ?

Maladies à vendre - VOD - videos.arte.tv

Maladies à vendre - VOD - videos.arte.tv

Reportage édifiant sur la nouvelle approche de la maladie physique et psychologique. Dans un précédent article, "Si le bonheur tenait seulement à quelques larmes...", j'explique que nous vivons dans un monde régit par l'économie de marché... Ce reportage illustre parfaitement le sujet et plus encore, explique comment on parvient à convaincre des personnes parfaitement saines qu'elles sont malades... Très fort, n'est-ce pas ? Il ne s'agit cependant pas de nier que le mal être est une réalité et même un fléau de notre société... Mais de là à devoir et croire qu'il faut se "droguer", il y a une marge que les laboratoires pharmaceutiques ont allègrement franchi, sans le moindre complexe... Aller mal est une réalité. Etre malade au point de se croire obliger de prendre des médicaments, souvent inutiles et qui loin de se contenter d'exercer un effet placebo, vont jusqu'à mettre notre santé en péril, un comble pour des médicaments, ne croyez-vous pas?, en est une autre... Bon reportage.