mercredi 14 décembre 2011

Culpabilité, quand tu nous tiens...

Qui ne s’est jamais senti coupable ? La culpabilité fait partie intégrante de notre psyché, influence nos vies, nos décisions, nos choix. Parfois légère et à peine perceptible, elle peut se révéler douloureuse et paralysante, insupportable. Pourtant, la culpabilité en elle-même n’est pas nécessairement le mécanisme psychique dont on doit le plus se méfier. La culpabilité est pénible et source de tension, de stress et donc de souffrance, elle est en elle-même pénible mais limite son influence à celui ou celle qui la ressent.

Là où le sentiment de culpabilité est le plus dangereux, c’est dans le souci que nous avons tous de trouver des stratégies de réparation pour apaiser cette souffrance, source de tension, liée à cette culpabilité. Il se trouve alors que bien souvent, le remède est pire que le mal et que par souci d’apaiser cette souffrance nous fassions le contraire de ce que nous devrions faire.

Songez à tous ces parents qui culpabilisent de travailler et de ne pas avoir assez de temps à passer avec leurs enfants et qui pour apaiser la souffrance de se sentir un mauvais parent, achète leur affection à coup de cadeaux et de biens matériels. Or, ces parents en agissant ainsi, croyant bien faire, se trompent et ne font qu’accentuer la sensation des enfants à ne pas être assez aimés puisque les parents les achètent. La solution devient pire que le sentiment de base qui est de comprendre qu’on ne peut pas toujours être présent à 100% avec son enfant. Il ne faut pas confondre qualité et quantité. Passer peu de temps mais de qualité avec son enfant aura plus de valeur émotionnelle et sera plus constructeur que d’être très présent physiquement mais pas psychologiquement car vous êtes ailleurs par la pensée. Les enfants le sentent. Cependant, voilà, le regard de la société parasite souvent ce qu’on sent instinctivement devoir faire. Une grande présence physique est plus facile à prouver qu’une présence psychologique de qualité. C’est ce décalage entre ce qu’on DOIT faire, expression du Surmoi, et ce qu’on VEUT faire, expression du Ça, qui est à l’origine de cette culpabilité.

Dans cet exemple, mais nous pouvons les démultiplier à l’infini, ce n’est donc pas tant la culpabilité en elle-même qui est dangereuse mais bien la stratégie de réparation liée à la souffrance créée par la culpabilité et potentiellement source de culpabilité plus grande encore. Seulement pour limiter l’impact et les désagréments provoqués par les stratégies de réparations, il est important de remonter à l’origine de la souffrance et donc du conflit interne à l’origine de la culpabilité.

Mais qu’est-ce que la culpabilité ? Peut-on y échapper ? Et si oui, comment ?

Qu’est-ce que la culpabilité ?
La culpabilité est un sentiment négatif né d’un conflit interne. Pour résumer, c’est un symptôme !

Dans l’article, Comment Ça fonctionne ? Qui est Moi ? Qu’est-ce que le Surmoi ? Et que vient faire Oedipe dans cette histoire ? nous avons appris que notre psyché était composée de plusieurs instances. Nous avons vu que le "Ça" représentait nos pulsions, nos désirs et envies, que le "Surmoi" était l’intériorisation de lois et des interdits, et que le conflit entre ces deux instances aboutissait à l’apparition d’une troisième instance : Le "Moi", l’instance qui s’exprime via le "Je" que nous employons pour parler de nous.

Seulement voilà, si la résolution du conflit aboutit bien à un résultat, ce n’est jamais ni clos ni résolu pour autant. L’opposition entre le "Ça" et le "Surmoi" est PERMANENT. N’oublions pas que le "Ça", la pulsion de vie, est sans foi, ni loi. Il cherche constamment à s’imposer et à prendre le contrôle de notre vie. Le "Surmoi" est là, tel un officier de justice dépositaire du devoir de faire respecter les lois, pour empêcher notre "Ça" de faire tout ce dont il a envie. Et selon que le "Surmoi" est fort ou faible, état lié à la fatiguée physiquement ou psychologiquement, le "Ça" parviendra plus ou moins à s’exprimer et donc à nous faire faire des choses que LA MORALE, du moins notre propre morale, car elle aussi est variante en fonction de chacun d’entre nous, réprouve. La culpabilité n’est que la manifestation d’un déséquilibre, d’une variation entre ce que nous faisons, disons, sommes et ce que nous ESTIMONS DEVOIR être, faire, dire. VOULOIR ET POUVOIR. Deux mots que tout oppose, source de notre mal être, de notre souffrance et de culpabilité.

Peut-on y échapper ?
A peu de chose près, nous sommes tous potentiellement sujets à éprouver de la culpabilité. Cela dépend de la force de notre "Surmoi" primaire constitué à partir de nombreux facteurs comme l’éducation, la structure psychique innée, la qualité des relations affectives… Chacun d’entre nous intériorise différemment les lois et les interdits, résout le "complexe d’Oedipe", et donc constitue un "Surmoi" plus ou moins fort.
Du point de vue de la structure primaire :Une personnalité ayant un "Surmoi" fort développera une personnalité psycho-rigide, aura un haut niveau de valeur morale que la moindre faiblesse et donc expression du "Ça" fera culpabiliser. Donc, plus le "Surmoi" sera fort et plus le niveau de culpabilité sera potentiellement élevé. De plus, ce type de personnalité est générateur de frustration puisque le "Ça", les désirs intimes, s’expriment peu.
A l’inverse, un "Surmoi" faible, favorisant l’expression du "Ça" donnera une personnalité immature, souvent égoïste, favorisant ses désirs à ses devoirs et donc peu sensible à la culpabilité, mais instable et souvent peu fiable.
Du point de vue de la structure secondaire : Une personnalité avec un "Surmoi" plus ou moins fort souffrira d’autant plus quand, dans sa vie, des événements, le registre émotionnel, la fatigue affaibliront le "Surmoi". Une personnalité avec un "Surmoi" faible peu également rencontrer le même problème. Le niveau de culpabilité sera moindre mais peut également apparaître.

Comment échapper à la culpabilité ?
Pour échapper à la culpabilité, pas de miracle, il faut être en accord avoir soi. C’est essayer de trouver l’équilibre entre nos envies et nos obligations. C’est être au régime, éprouver de la frustration légitime en répondant aux ordre du "Surmoi" qui nous dit qu’il faut perdre du poids si on en a trop, succomber à un savoureux gâteau sur ordre du "Ça" et culpabiliser parce qu’on sait que ce n’est pas bien et finalement faire une séance de course à pied ou de natation pour réparer la faiblesse d’avoir succombé et donc d’avoir désobéi au "Surmoi". La boucle est bouclée.

On ne peut échapper à la culpabilité, soit, mais on peut toujours réparer justement. Encore faut-il savoir repérer ce qu’on fait d’injuste pour trouver la juste réparation. C’est là qu’intervient la nécessité parfois de faire un travail sur soi. Appréhender son fonctionnement pour déterminer son type de personnalité et estimer la part du "Ça" et du "Surmoi" dans notre "Moi", permet de trouver les bonnes parades contre la culpabilité. Une personne avec un "Surmoi" très fort devra apprendre à baisser son niveau d’exigence, son niveau de valeur moral pour éviter de culpabiliser trop souvent et par voie de conséquence, d’en faire une tonne pour réparer, au point de mal agir et d’accentuer sa culpabilité. La personnalité ayant un "Surmoi" trop fort devra apprendre à laisser son "Ça" s’exprimer et donc à se faire plus souvent plaisir.
 A l’inverse, il y a fort à parier que la personnalité avec un "Surmoi" faible n’éprouvant pas beaucoup de culpabilité, ne consultera pas pour faire un travail sur elle-même.

Un autre point à travailler sera de restaurer un mieux être physique et proposer des solutions permettant de restaurer de l’énergie au corps comme à l’esprit pour aider un "Surmoi" fort mais trop fragilisé et donc inefficace à se renforcer. Relaxation, détente, activités sportives peuvent être un bon début.

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