lundi 27 juin 2011

Transgenre… Et pourquoi pas…

Hier soir, dans l’émission Zone interdite sur M6, un reportage passionnant concernait les personnes transgenres.
"Une personne transgenre est un homme qui aime s’habiller en femme, avec tenue et maquillage féminin."

Je vous avoue avoir été plusieurs fois choquée au cours du reportage, non pas par la personne qui témoignait, prénommé Frédéric sous son identité masculine et Natacha sous son identité féminine, mais par les questions, interrogations et parfois informations autour du thème des transgenres.

J’ai décidé de vous les exposer, histoire de vous donner, du moins pour ceux que cela intéresse, de bonnes raisons de réfléchir à la problématique d’un autre point de vue que celui de "monsieur et madame tout le monde"… Point de vue qui devrait être, je suppose dans un monde idéal, celui de "monsieur et madame tout le monde".

Premier point choquant est d’entendre dire que des psychologues ont essayé de changer Frédéric/Natacha pour lui enlever l’envie, le besoin (pulsionnel ?) de s’habiller en femme…

Entendre ça en 2011 est d’autant plus choquant que l’on sait que la majorité des psy ont déjà dû revoir leur approche de l’homosexualité. Je m’explique. Il y a moins de 30 ans de cela, l’homosexualité était considéré comme une déviance sexuelle et était classée comme maladie mentale. La majorité des psychiatres et psychologues croyaient alors qu’ils devaient et pouvaient "soigner" les patients atteints de cette "maladie", sans grand succès, et pour cause. Suite à des recherches, les scientifiques se sont rendus compte que l’homosexualité n’était pas une maladie. Néanmoins, malgré cela, il existe encore une minorité de psy qui continuent d’essayer et même proposent des thérapies pour "soigner" l’homosexualité…

Constater que l’approche du concept de transgenre, alors même que ce n’est même pas considéré comme une maladie ou comme une déviance, rejoint celle de l’homosexualité, il y a 30 ans et même moins est profondément choquant… De toute évidence, certains n’ont toujours pas appris des erreurs du passé… Flippant.

Toujours aussi choquant : Comment des femmes peuvent-elles cesser d’aimer, rejeter et quitter des hommes, sous prétexte qu’ils s’habillent parfois en femme ? Se sentent-elles si menacées, trahies ? En quoi un homme qui s’habille en femme est une trahison ? N’est-ce pas la marque d’une confusion de perception chez ces femmes ? Ont-elles confondu virilité avec masculinité ? La virilité est un signe extérieur de masculinité. Mesdames, un homme, hétérosexuel, comme c’est le cas de Frédéric/Natacha qui ne montre pas de signe de virilité extérieur n’en reste pas moins un homme…qui aime les femmes.
D'autant qu'habillé en homme, il est très séduisant aussi !  
Sa tenue vestimentaire ne va pas le castrer !  A l’inverse, il y a des hommes, très virils extérieurement, qui ne s’intéresseront jamais à vous, simplement parce qu’ils sont homosexuels, ou que vous n'êtes pas leur genre!

Attention, cette dernière remarque n’est pas un jugement de valeur concernant les anciennes compagnes de Frédéric/Natacha. Nous ne savons rien d’elles, ni si c’est le côté transgenre de Frédéric/Natacha, la raison des différentes ruptures sentimentales. Peut-être qu’indépendamment de la question transgenre, Frédéric/Natacha ou ses ex-compagnes ne sont pas fait pour la vie de couple! Aujourd’hui, rompre est monnaie courante quelque soit les couples…

D’ailleurs, Frédéric/Natacha n’a aucun problème pour séduire les …. femmes quand il/elle sort en boîte. Ce que remarque le journaliste en demandant à Frédéric/Natacha, si être habillé en femme ne serait pas un bon plan drague… Frédéric/Natacha semble surpris(e) par la question avant de se reprendre et d’assurer qu’effectivement, c’est un point de vue. Mais de toute évidence pour lui/elle, s’habiller en femme n’a pas pour objectif de plaire aux autres. C’est avant tout le moyen de se plaire à soi-même. Être soi. Maintenant, s’il y a des conséquences positives, eh bien tant mieux. Après tout, sortir habillé en femme semble déjà bien assez compliqué à faire admettre, encore heureux qu’il y a des effets positifs ! Il serait dommage qu’il n’y ait pas quelques avantages, non ? Pourquoi s’habiller en femme, en plus d’être un parcours du combattant, devrait être une punition ?

Autre point choquant… La confusion qui existe entre tenue vestimentaire et orientation sexuelle. Le journaliste demande à Frédéric/Natacha s’il/elle est sûr(e) de ne pas vouloir se faire opérer pour poursuivre la transformation d’homme en femme. Bref, s’il/elle n’est pas transsexuel(le) ?!!!! Mais, il/elle s’habille en femme, mais ne veut pas être une femme fondamentalement ! Il/elle a été très clair(e) ; Il est génétiquement un homme, physiquement un homme, socialement un homme, hétérosexuel. Mais s’habille, parfois en femme. Sur quel ton le dire et le redire… Pire, le journaliste insiste et suppose qu’un homme, s’habillant en femme et étant attiré par des femmes est peut-être… lesbienne !!!!!!!!

Le raisonnement me laisse sans voix… Je ne savais pas que le choix d’une tenue féminine ou masculine pouvait influer sur le genre sexuel d’une personne.... Ah, mais non, pardonnez-moi, CE N’EST PAS LE CAS !

Attention, ma critique ne concerne pas l’attitude du journaliste. Il n’a fait que formuler ce que 99% des gens, hommes et femmes, pensent. Mais personnellement, (je dois faire partie du 1% restant, puisque je ne pense pas pareil !) je suis choquée par un tel raisonnement, qui me semble très illogique.

Toujours choquant. On trouve normal, aujourd’hui, qu’une femme se comporte en homme, s’habille au masculin… Mais les femmes ont dû se battre pour ce droit, pourtant évident aujourd’hui. (Voir documentaire sur Internet : "Sous les pavés, la jupe", diffusé sur Arte le 27 mai 2011). La compréhension ne devrait-elle donc pas passer, en priorité, par les femmes… Leurs craintes me laissent perplexe. Par contre, à défaut de la justifier, on peut comprendre la réticence des hommes à comprendre… ce qu’ils ne ressentent pas. Quoique… Est-ce leur faute ? L’éducation, même actuellement, n’aide pas. On continue d’attendre d’un homme qu’il soit fort, dur, et courageux et d’une femme, qu’elle soit douce, tendre, et fragile… Il est temps de changer. La société n’a plus les mêmes besoins. Il serait judicieux de s’en rendre compte…

En chacun de nous, on reconnaît posséder un anima et un animus. Un côté féminin et un côté masculin. Qu’y a-t-il de si choquant qu’un homme veuille explorer son anima ?

N’est-ce pas notre animus que nous voulons faire reconnaître, nous les femmes, quand on demande la parité et l’acceptation de notre anima… Il ne faut pas s’étonner de la réticence des hommes à l’accepter si nous, en tant que femme, nous ne reconnaissons pas l’anima des hommes !

Pourtant, en tant que femme, vous savez que cet anima ne s’exprime jamais autant, et tant, que lorsque vous porter une jupe, des talons, du maquillage et des bijoux… La tenue ne fait pas la femme, ni la féminité mais elle y contribue fortement, n’est-ce pas ? Alors pourquoi la refuser à des hommes qui en éprouvent le besoin ?

Je suis la première à réprouver le machisme latent, (voir site, viedemeuf.com, qui nous rappelle en permanence que le machisme est bien là, encore et toujours !), les inégalités hommes/femmes, à commencer par la différence salariale, pour un  poste à responsabilités égales. Mais je n’ai rien d’une féministe. J’aime être une femme avec les qualités et les défauts intrinsèques de femme et j’aime les hommes pour leurs qualités et leurs défauts intrinsèques d'homme.

Les deux genres, masculin et féminin, existent et se complètent. Chacun avec ses spécificités génétiques mais aussi sociales. Si on ne peut agir directement sur la génétique… Heureusement d’ailleurs, j’aime ces deux genres tels qu’ils sont. La société, elle, change. Le mode de vie et les besoins qui en découlent changent. Les spécificités sociales sont malléables et corvéables à loisirs. Si nous le voulons. Les femmes peuvent mettre des pantalons sans passer pour un homme, être une femme, masculin, hétéro, homo, bi ou asexuelle… Alors pourquoi un homme en jupe ne pourrait pas être considéré comme un homme, être un homme, féminine, hétéro, homo, bi ou asexuel sans qu’automatiquement, on le raille, le déprécie, ou sans qu’on s’inquiète de son orientation sexuelle ?

Un homme en jupe, en robe, est-il moins homme ? Une femme en pantalon est-elle moins femme ?

En quoi modifier un critère de discrimination social, jupe ou pantalon, serait-il la manifestation d’une perversion ou d’un dérangement psychique ?

Si je suis ce raisonnement, je ne peux que conclure que nous, les femmes qui portons des pantalons, sommes dérangées ?
Dans les années 1970, cela a été pensé, écrit, énoncé, critiqué… Nous ne sommes plus en 1970…   Quoique… Je me le demande parfois !

Le sujet du transgenre nous renvoie, ni plus ni moins, à la question de l'être et du paraître. La guerre est ouverte. Qui l'emportera. L'être ou le paraître?

(Pour information, Jusqu'au 28 janvier 2012, cet article était illustré par deux photos de Frédéric/Natacha, tiré de son blog natachaglam.com. Il se trouve que depuis le 8 Janvier 2012, son site est fermé. Je n'en connaissais pas la cause, cependant  par respect pour ce choix, j'ai estimé de mon devoir d'enlever les photos.)

Après cet article, certains d'entre vous ont posé la question : Transgenre, est-ce génétique ?

Actuellement, les informations sur le sujet disent clairement NON.

Tout comme pour l'orientation sexuelle, le besoin d'exprimer le genre sexuel opposé, comme c'est le cas pour les personnes trangenres, ne serait que l'expression d'un "bain hormonal".

Il faut savoir que pendant les premières semaines, un fœtus, alors qu'il n'est qu'un amas de cellules qui se divisent pour se multiplier, "baigne" dans un liquide concentré, assez rapidement, en hormones. Un fœtus ayant les chromosomes XY, verra son "bain" se charger en testostérone qui favorisera les connexions neuronales selon un schéma génétiquement programmé pour obtenir un comportement masculin. Le "bain" d’un fœtus ayant des chromosomes XX, n’aura pas de testostérone, sera appelé "indéterminé" (terme scientifique)et favorisera des connexions neuronales selon un schéma génétiquement programmé pour obtenir un comportement féminin.

Or, aucun "bain" n'est jamais totalement chargé en testostérone même si les chromosomes sont XY, ni totalement "indéterminé", si les chromosomes sont XX.

De fait, la variation du taux d'hormones étant variable d’un individu à l’autre, c’est à dire avec plus ou moins de testostérone, entre autre, il est normal de rencontrer des individus de sexes (homme-femme) différents, d’orientations sexuelles différentes (hétéo-homo-asexuel-bi), et donc de comportements différents comme les personnes transgenres.
Ce ne serait donc pas génétique mais BIOLOGIQUE.

dimanche 26 juin 2011

Comment savoir si je suis fou… ou folle…

Diffusion lundi 27 juin 2011
 à 20h40 sur Arte
Suis-je fou ? Suis-je folle ? Qui ne s’est jamais posé la question à un moment ou un autre de sa vie ?
En fait, la réponse est contenue dans la question. "Le moment ou un autre" démontre que vous avez du recul sur vous-même, recul qui vous pousse à vous interroger et souligne une certaine lucidité.

Un fou, véritablement fou, ne s’interroge pas. Il ne doute pas de son état psychique.

S’interroger est donc la meilleure façon de se rassurer.

Il n’empêche…. Puisque s’interroger, c’est se rassurer et donc démontrer qu’on n’est pas fou, pourquoi se poser la question ? C’est fou, non ?

Mais au fond, est-ce qu’il s’agit bien de folie ? Et d’ailleurs, qu’est-ce que la folie ?

Il suffit d’un fait divers sordide pour conforter toute une population qu’elle partage la même définition de la folie. Comment juger autrement le meurtre de deux infirmières dans un pavillon psychiatrique de Pau, par un jeune schizophrène ? Parce qu’il était schizophrène, parce qu’il entendait des voix, parce qu’il a tué à cause de ces voix, et même décapité l’une des infirmière, c’est que ce jeune était "fou", son acte : "une folie".

Nous employons tous le mot de "fou", à tord ou à raison, croyant que chacun d’entre nous partage la même définition, sans s’attarder sur le fait que c’est rarement le cas.
Le problème est que la folie n’est pas UNE, elle est multiple, avec des degrés variables. Alors comment savoir qui est fou de qui ne l’est pas ?

Et c’est justement là le souci. Ce flou latent qui brusquement nous interroge… Et si, bien que nous n’entendions ni voix ni n’ayons d’hallucinations visuelles, que nous ne commettions pas de meurtre, nous étions, malgré tout, fous ou folles ?

Les hôpitaux psychiatriques sont remplis de "fous". Tous ne sont pas schizophrènes. D’ailleurs, tous les schizophrènes ne sont pas enfermés. Alors comment savoir, à quel moment, une personne, en apparence "normale", bascule ? Sommes-nous tous susceptibles de "basculer" dans la folie ? Et puis quel type de folie ? Est-ce une si mauvaise chose d’être fou ?

Beaucoup de questions et si peu de réponses. Laissez-moi vous aider à y voir plus clair…

Il faut savoir que pour les psychiatres (formés 4 ans en médecine générale avant de se spécialiser en psychiatrie - ce sont des médecins) et les psychologues (formés à l’université, et diplômés d’un master 2 de psychopathologie clinique), le concept de folie n’existe pas. Surprenant, n’est-ce pas ? Pourtant vrai.

Pour les psychiatres, un "fou" est avant tout un malade avec des symptômes qu’un traitement adapté soigne à défaut de guérir surtout s’il est diagnostiqué psychotique. (Les mots vous semblent barbares ? Si vous saviez… Il y a pire, mais promis, je vais essayer de vous épargner !). Son rôle ? Recenser les symptômes et prescrire les médicaments qui les atténueront, voire, les feront disparaître. Du moins, tant que le patient prendra son traitement.

Pour les psychologues, le patient est un malade avec des symptômes qui sont la résultante, la conséquence, d’une cause. Son but ? Remonter à l’origine afin de tenter de libérer les patients de leurs symptômes ou du moins d’une partie de ces symptômes. Il faut reconnaître que la mission est quasi impossible dans les cas de patients diagnostiqués psychotiques, seuls les médicaments ont une chance d’agir efficacement, mais tous les "fous" ne sont pas psychotiques.

Les deux métiers sont complémentaires et font appel à deux répertoires : le DSM IV pour les Etats-Unis et le CIM 10 pour l’Europe, qui décrivent et définissent toutes les maladies mentales rencontrées à ce jour, pour diagnostiquer les patients et donc les soigner en conséquence.

Vous aurez remarqué que même chez les professionnels de la psychiatrie et de la psychologie ont du mal à s’accorder sur un répertoire unique. Tout simplement parce que les critères symptomatiques, dans les deux cas, répondent à une approche théorique différente. Pas simple de se mettre d’accord sur la définition des différentes formes de folie, n’est-ce pas ? Il faut tenir compte également des avancées scientifiques et des outils de travail comme les IRMs, scanners et recherches génétiques pour régulièrement permettre de corriger et d’affiner ces deux répertoires.

Pourtant ces évolutions théoriques et scientifiques ont radicalement fait évoluer notre approche de la "folie" et permis de la traiter différemment. Un exemple simple. Jusqu’aux années 50, 60 on "soignait" les patients violents ou très agressifs ou considérés comme déviants (l’homosexualité était considérée comme une maladie mentale conduisant à une déviance sexuelle jusqu’à il y a peu. Voir article : pourquoi il est absurde d’avoir peur de l’homosexualité .) par la lobotomie. On opérait les patients en leur retirant une partie du lobe frontal du cerveau, siège des émotions et de la volonté. Résultat, on rendait les patients aussi vivants que des légumes… Pas top, vous en conviendrez, mais ça ne choquait personne, en témoigne l’excellent film "Vol au dessus d’un nid de coucou" avec Jack Nicholson, incroyable dans ce rôle de délinquant qui choisit l’internement à la place de la prison, croyant que son enfermement serait plus facile. Grossière erreur qu’il assumera d’une manière étonnante et se conclura d’une triste façon.

Avec les années 70,80, l’arrivée des scanners et autres appareils de recherches et d’analyses ainsi que les grandes avancées de l’industrie pharmaceutique, ont radicalement modifié la donne… Pour un résultat parfois assez comparable. La camisole chimique devenait plus pointue et "efficace". Les benzodiazépines, les IMAO, puis les ISRS, sont les trois générations de psychotropes qui ont révolutionné la psychiatrie moderne. Ils sont de plus en plus pointus, limitent de plus en plus les effets de dépendances et les effets secondaires. Néanmoins dangereux, ils sont à utiliser avec beaucoup de précautions. Rien n’est parfait.
Parallèlement à cette évolution, beaucoup de critères psychiatriques devenaient obsolètes, comme avec l’homosexualité qui sortait, enfin, du registre des maladies mentales.

N’en reste pas moins que les hôpitaux continuent de faire chambres combles. Les pathologies sont les mêmes que par le passé mais revisitées dans l’approche et le traitement, en fonction des époques.

Saviez-vous que les unités psychiatriques fermées, sur le modèle de l’asile psychiatrique dans le film "Vol au dessus d’un nid de coucou" ne représente qu’une minorité des soins psychiatriques ? Que les patients schizophrènes ne sont pas tous dangereux ? Et que peu d’entre eux sont internés mais suivis en externe ?

Alors que signifie donc d’être fou aujourd’hui ?  Qui hospitalisons-nous ? Qui sont les "nouveaux fous" ?

Diffusion lundi 27 juin 2011
à 22h55 sur France 3
Pour répondre à cette question, puisque la psychiatrie et la psychologie n’apportent qu’une partie des réponses, il faut chercher ailleurs. Et cet ailleurs n’est pas si loin. En fait, le concept de folie est avant tout un concept social. Un autre très beau film illustre très bien cette vérité. Il s’agît de "Birdy" joué par Matthew Modine. Un jeune homme rentre de la guerre du Vietnam et découvre que son meilleur ami est interné en état catatonique. Pour essayer de le sortir de cet état, le jeune soldat, Nicolas Cage, revisite leur adolescence commune et leurs quatre-cent coups. En dehors du côté poétique de l’œuvre, ce film traite bien de folie, mais pas celle qu’on imagine. Il s’agit de folie sociale, non pas psychiatrique ou psychologique, même si tout est fait pour nous le laisser croire, jusqu’à la fin. Mais je n’en dirai pas plus.

C’est bien la société dans son ensemble qui édicte les règles et donc les diverses définitions de la folie.

Aujourd’hui, l’échelle de valeur permettant d’établir un diagnostic de "folie", est une échelle de dangerosité. Est automatiquement pris en charge médicalement, les cas les plus extrêmes d’individus ayant un comportement inadapté, excessif, agressif pouvant entraîner un danger de mort pour lui-même ou pour les autres. Ce peut être un patient schizophrène en crise, mais aussi un individu ayant fait une tentative de suicide, ou un individu ayant agressé, sans raison apparente et sans être sous emprise de produits toxicologiques, un tiers. Dans tous les cas, le patients peut-être psychotique, névrosé, ou pervers. Il n’y a pas UNE catégorie de structures psychiques systématiques. Personne ne peut s’estimer à l’abri.

Le moteur d’une hospitalisation est souvent un état de crise, de violence, suite à ce qu’on appelle une décompensation psychique, c'est-à-dire une rupture psychique avec la réalité. Cela peut arriver si un individu est schizophrène et pas soigné ou pas suivi. Généralement ce type de maladie se déclenche vers dix-huit, vingt ans avec une période de désocialisation, mais tous les schizophrènes ne sont pas ou ne vont pas forcément avoir de "crises".
Vient la catégorie des grands dépressifs, qui par fragilité psychique vont renoncer à la vie et tenter de se tuer.
L’origine de ces cas est souvent génétique, mais pas seulement. Nous sommes tous susceptibles de décompenser. Il suffit d’un accident de la vie, un traumatisme suite à un accident matériel, une agression, ou une maladie. Pas rassurant ?
En fait, l’origine d’une crise est très souvent multifactorielle, génétique, environnemental, social, familiale, physiologique et psychologique, ce qui limite le nombre de cas avérés.

Ceci est une version très simplifiée et même simpliste des divers cas possibles de "folies" reconnues et donc entraînant une hospitalisation. Mais tous les "fous" ne sont pas violents. Avant d’en arriver au cas extrême, vous vous êtes vous-mêmes posé la question. Suis-je fou ? Suis-je folle ? Cette question est-elle l’indicateur qu’il y a un risque ? Et si ce n’était pas vous qui étiez fou mais le monde ? Nous sommes en droit de nous poser la question, n’est-ce pas ?

Il faut comprendre que nous vivons à l’heure de la mondialisation, de la fabrication de masse. Aujourd’hui, on uniformise. Être Français, Anglais, Chinois, Argentin, Indien… N’a plus la même signification aujourd’hui, qu’hier. Il suffit de regarder les habitudes vestimentaires, alimentaires des gens dans le monde pour constater que tout le monde, à peu de chose près, suit la même mode vestimentaire et Mc Donald est partout ! Les différences culturelles disparaissent peu à peu. Dans le numéro 1044 spécial anniversaire du courrier international du 4 au 9 novembre 2010, "Avoir 20 ans en 2010" illustre très bien le phénomène. Nous sommes "humainement" et "socialement" mondialisés. Et Internet a accéléré le mouvement.

La mondialisation se veut idéologiquement égalitaire. Produire plus, réduire les coûts et les prix à la vente pour permettre au plus grand nombre de consommer. Mais c’est loin d’être une idéologie égalitaire et humaine. C’est une idéologie de marché, de l’économie de marché. Néanmoins le processus est en marche et rien ne semble pouvoir l’arrêter, même si justement, il accentue l’écart qui existe entre envies et besoins des consommateurs. On promet une société de loisirs à tous, au mépris des besoins les plus élémentaires. Car il y a un prix à payer pour vivre dans cette société de loisirs. Il faut en suivre et respecter les règles, mêmes les plus absurdes, du moment que cela rapporte de l’argent. Au final, la société occidentale, mais le processus contamine tous les pays du monde, se retrouve aliénée dans un système inhumain, basé sur la rentabilité. L’homme et sa capacité de travail son utilisé, consommé comme des machines. L’économie l’emporte sur l’humain. Le mot  "objectif" à atteindre fait la loi.
Mais le rythme d’évolution de l’économie n’est pas celui de l’homme. Il n’est pas surprenant de constater que le mal du siècle est le stress et par voie de conséquence, démultiplie les cas de dépressions.

En analysant notre mode de vie, nous sommes en droit de nous interroger sur notre propre état mental. Quand on se sent en décalage entre ce qu’on exige de nous, comme de vivre à cent à l’heure, faire toujours plus en moins de temps possible, aller toujours plus loin, posséder toujours plus et ce dont nous avons réellement besoin : vivre bien, se sentir bien. Il y a de quoi en perdre la raison.

D’ailleurs, cette nouvelle "idéologie" se caractérise par une déshumanisation, une robotisation des gens. On choisit les antidépresseurs à une vraie pause, une vraie remise en question. On continue d’accepter l’impensable, l’interdiction d’avoir et d’exprimer des émotions (Voir article : Et si le bonheur tenait seulement à quelques larmes…). On se moque des besoins physiques, physiologiques et psychologiques de l’homme en le convainquant qu’il doit continuer de souffrir pour posséder toujours plus… Mais, cela sert à quoi ? Cela vous rend-il plus heureux ?

Bizarrement, je vais vous répondre oui. Non pas parce que c’est la vérité, mais c’est parce que tous y croient, du moins la majorité.

Pas étonnant, dans ces conditions, face à tant d’aberrations, que certains d’entre nous aient la sensation d’être fous, surtout si vous n’êtes pas d’un tempérament suiveur. La société moderne est folle, et par conséquent, vous rend "fou".

Au vue de cette nouvelle philosophie de vie, on peut facilement définir ce qui sera jugé comme "fou" et essayer d’obtenir enfin une réponse à la question : Suis-je fou ou folle ?

Sera jugé "fou" tout comportement jugé inutile et inadapté au bon fonctionnement de cette société basée sur l’économie de marché. Ce qui signifie qu’il serait inapproprié et donc "fou" toutes manifestations d’émotions, de réactions, de comportements ou d’attitudes, exagérés, intempestifs et donc considérés comme hors normes et donc anticonventionnels. Pour résumer, toutes manifestations d’originalités et d’émotions seront aussitôt assimilées à la manifestation de la "folie".

Maintenant que vous savez comment repérer la "folie", à vous de voir si oui ou non vous êtes fou ou folle.

Le concept de folie, nous l’avons vu est très relatif et évolutif.

Je terminerai cet article sur un étonnant constat, plutôt rassurant pour tous ceux qui réalisent qu’ils sont peut-être effectivement "fous" selon la définition citée ci-dessus.

Au salon du Bourget, cette semaine, Airbus a vendu pour soixante douze milliards d’avion. Il est intéressant de constater que la folie des uns fait le bonheur des autres. Car, je vous le rappelle, c’est grâce à la folie d’un homme (Ils étaient plusieurs mais je n’en citerai qu’un.) Louis BLERIOT qui traversa la Manche dans un avion en 1909, que l’aviation connaît une telle réussite.
Dois-je citer d’autres "fous" comme Einstein, dans un tout autre domaine, ou bien Copernic qui osa affirmer envers et contre tous que ce n’était pas le soleil qui tournait autour de la Terre mais le contraire, et Galilée, Newton… Dois-je continuer ? Tous "fous" en leur temps, qui oserait le dire aujourd’hui… Quoique Einstein à garder un rien de sa réputation de fou… En même temps, voyez la photo...

La frontière est mince entre folie et génie, ne l’oublions pas. Alors à la question. Êtes-vous fou, ou folle ? Peut-être, peut-être pas…A partir du moment où l’on se sent bien, ou il n’est pas nécessaire de passer par la case hospitalisation, et même, mieux, si envers et contre tous, vous pouvez vous passer d’anti-dépresseurs… Peut-on, doit-on dire de vous que vous êtes fou ou folle ?

Pourquoi s’estimer fou simplement parce que vous ne vous reconnaissez pas dans un système absurde ? Et si votre "folie" n’était que la manifestation d’une autre vérité, le besoin de vous émanciper d’un système que vous percevez comme aliénant ?


Et si c’était vous qui étiez normal parmi des fous ? Je crois qu’"Hamlet" de Shakespeare approuverait cette conclusion. Non ?

samedi 18 juin 2011

La colère... Bonne ou mauvaise pour notre psyché?

La colère est une émotion étonnante. Résultat de frustrations, d'exaspérations, elle est souvent considérée comme mauvaise conseillère... Et nous savons combien la colère peut être autodestructrice... Pourtant, si elle existe, si l'être humain a la possibilité de la ressentir, c'est bel et bien parce qu'elle a son utilité !

La question est de savoir à quoi elle sert... Bizarrement, à donner de l'énergie... La colère a un effet désinhibiteur, elle permet d'être à l'origine d'actions, de réactions. Elle permet de se dépasser... Merci l’adrénaline !

Du moins, a-t-elle un effet positif à partir du moment où elle mobilise une action, une réaction permettant la résolution d'un conflit, d'une frustration, d'un blocage dans une situation...

Le problème est dans le dosage. Comme tout ce qui est efficace, il ne faut pas en user ou en abuser à mauvaise escient. La colère contrôlée est bonne, la colère incontrôlée est mauvaise autant pour soi que pour ceux qui en font les frais.

Le problème avec la colère incontrôlée est qu'elle pousse à agir mais de manière si excessive qu'elle peut entraîner des conséquences douloureuses autant pour l'estime de soi que pour l'intégrité physique et/ou morale de celui qui en est la victime.

Voilà pourquoi, on estime que la colère est toujours mauvaise conseillère... Mais si on apprenait à la contrôler davantage ? Si comme le stress, la colère pouvait être juste l'alarme nécessaire et suffisante pour agir ou interagir avant qu'il ne soit trop tard pour raisonner ?

La plupart des gens laissent monter et exploser, il n'y a pas toujours d'autres mots, cette colère, au point de perdre toute raison... Et d'agir indépendamment de toutes les conséquences... Au risque de le regretter amèrement et donc de craindre et redouter cette colère, cette émotion pourtant bien souvent utile en certaines circonstances.

Car beaucoup essaient de ne pas se laisser envahir par la colère alors même que la vie traîne un tel lot d'injustices et d'incompréhensions que ce soit chez soi, ou dans le monde, qu'il est de toute façon obligatoire de la subir. D'autant qu'à la subir sans l'exprimer est souvent source de conflits internes entraînant un mal être, dépression et/ou décompensation psychique dans les cas les plus ultimes du refoulement psychique.

Le problème est qu'à laisser cette colère vous dépasser, ce qui arrive quand on refuse de l'assumer et de l'utiliser quand on est encore capable de la contrôler, c'est qu'elle risque d'atteindre un point de non retour... Comme avec le réacteur nucléaire de FUKUSHIMA. Veuillez pardonner cette comparaison pour le moins douloureuse mais tellement vraie. La colère est une source d'énergie puissante mais qui peut très vite devenir incontrôlable... Et contrairement au nucléaire, elle est naturelle et nécessaire au bon fonctionnement psychique de l'être humain. Une soupape de décompression, un moyen de libération...

Et il suffit souvent de peu de chose pour ne plus la craindre, ni la redouter... Et si vous l'acceptiez et l'assumiez comme un don de mère nature ? Et si au lieu de la redouter et de la craindre, vous l'utilisiez comme indicateur pour déterminer les limites à ne pas franchir et donc les limites à faire respecter ? Un bon "coup de gueule" ne vaut-il pas mieux qu'un "bon coup de poing" ? Je vous l'ai dit, tout n'est qu'une question de dosage. Cela étant, si vous pouvez intervenir et vous exprimer avant même d’en être au « bon coup de gueule », c’est encore mieux.

La parole est libératoire… En faire usage a de vrais effets bénéfiques… Et mieux, vous ne risquez aucun effet secondaire négatif, si ce n’est peut-être de passer pour un ou une casse pied… Mais n’est-ce pas mieux que de vivre en colère en permanence ou de retourner cette colère contre vous au point de déprimer et de passer votre vie sous antidépresseurs ?

Freud parlait de Catharsis. Se libérer par la parole. Et si la colère servait à cela ? A jouer le rôle de catalyseur de Catharsis ?