vendredi 19 octobre 2012

Harceleurs et harcelés... ou comment briser ce lien malsain...

 Il n’était pas prévu pour moi d’écrire un second article sur le sujet mais après avoir reçu plusieurs témoignages et demandes et surtout après avoir été un témoin direct de pratiques de harcèlement moral, je me suis décidée à ajouter des informations, qui, je l’espère, permettrons à certains des lecteurs de trouver des réponses à leurs questions.
Cet article n’est pas exhaustif, il ne rend pas compte de la totalité des situations de harcèlement, ni de toutes les techniques pour contrer ce harcèlement, du fait de la complexité du phénomène, néanmoins voici quelques éléments de réponse.

1- Les paramètres favorisant la mise en place d’un processus de harcèlement moral sont :
- une structure semi fermée, (entreprises, associations, familles, groupes)
- un manque d’organisation structurelle, (rôle de chacun mal défini et attribution des tâches imprécise)
- une ignorance ou méconnaissance des droits et devoirs élémentaires de chacun (absence de respect du droit du travail ou abus d’autorité dans le cas de groupe relationnel ou de la famille)
- un individu avec un besoin narcissique d’accéder au pouvoir ou d’augmenter l’exercice d’un pouvoir (harceleur).
- un ou plusieurs individus à l’ego peu développé (manque de confiance en soi) ayant le besoin de plaire et donc d’éviter les conflits (victime)

2- Accepter de reconnaître qu’on peut effectivement être victime de harcèlement moral et que cela n’arrive pas qu’aux autres…
Et donc repérer par qui et pourquoi ?
La problématique du harcèlement moral est que dans la majorité des cas, il est très difficile à repérer. Indépendamment des cas les plus évidents, où la preuve n’est plus à faire, la plupart des victimes sont incapables de repérer le mécanisme jusqu’à ce qu’il soit trop tard, car souvent le processus est lent, subtil, pernicieux et progressif. Le mécanisme commence assez souvent par une phase de séduction, ce qui permet le processus d’emprise de se mettre en place.
La plupart de ceux qui le pratiquent n’ont pas toujours conscience de ce qu’ils font, et l’exercent en pensant être dans leur bon droit. Ils partent du principe que, que ce soit au travail, dans la famille, dans un groupe, s’ils ont un minimum de pouvoir, ils peuvent l’utiliser au détriment de leurs subordonnés. Pour ceux qui n’ont pas de pouvoir effectif tel qu’un statut social élevé, un poste de supérieur hiérarchique, peuvent avoir néanmoins conscience d’être en possession d’information ou d’atouts, physiques, intellectuels ou psychologiques qu’ils vont pouvoir utiliser pour manipuler en exerçant une forme de chantage affectif et/ou intellectuel. Cette manipulation étant une forme de réparation narcissique. Qu’il y a –t-il de plus jubilatoire que de savoir qu’on manipule un supérieur hiérarchique. Il peut avoir le salaire mais pas le pouvoir, semble être le raisonnement de certaines personnalités harceleuses.

3-Divers scénarii dans le monde du travail :
Un patron ou "petit chef"(homme ou femme) peut très vite glisser vers le harcèlement en essayant tout simplement de convaincre ses subordonnés de travailler hors des limites de leur contrat ou s’arrange avec les termes du contrat de travail, négociant le silence des employés en leur faisant du chantage affectif du style "C’est pour la boîte ! Vous ne voudriez pas être responsable si on devait fermer !", ou bien, c’est de laisser s’installer un certain laxisme chez le personnel qui se voit ensuite pousser à "compenser" ce laxisme via la culpabilité et en en faisant plus que ne l’exige le travail. Certains patrons jouent sur la corde sensible, entretiennent l’illusion d’une grande famille sans s’inquiéter réellement des employés. Mais les patrons ne sont pas les seuls fautifs dans ce système… Certains employés abusent sans vergogne de l’incapacité de certains patrons à poser des limites pour faire leur propre loi ou d’imposer leurs propres règles… Maintenant si vous avez la combinaison, jolie fille manipulatrice, un patron vieillissant (mais pas que, il est si facile de flatter l’ego masculin, surtout si on joue de ses charmes), un besoin de prendre le pouvoir d’un côté et l’incapacité de poser des limites de l’autre, ajouter à un besoin de plaire et vous obtiendrez un résultat explosif dont toute personne qui n’entre pas dans cette combinaison fera les frais…
Autre scénario, un subordonné aux dents longues et manipulateur, une chef ou un chef imbu de lui ou d’elle-même que vous pouvez flatter à volonté et vous verrez que la réalité des faits passe en second plan et que la personnalité harceleuse peut très tranquillement mentir ou interpréter les faits pour rabaisser certaines personnes et en profiter pour rehausser leur image et monter en grade. Progresser en marchant sur les autres. Si en plus, dans l’entourage de cette combinaison, vous avez du personnel qui ne revendique rien, qui se contente de faire correctement son travail, sans éprouver le désir d’imposer ses propres besoins, vous aurez très certainement ce que je nommerai des dommages collatéraux. C'est-à-dire des victimes de harcèlement qui ne comprennent absolument pourquoi ils font l’objet d’attentes, de consignes contradictoires, et surtout qu’on essaie à tout prix de plier à des règles sans fondement sinon de valider le besoin de pouvoir du harceleur.

La personnalité harceleuse veut le pouvoir.
La victime est toujours un dommage collatéral qui par son existence permet de renforcer le pouvoir de la personnalité harceleuse.
La personnalité harceleuse peut être aussi bien un homme qu’une femme.

4- Ce que fait naturellement la victime de harcèlement :
- Elle se laisse séduire. Le harceleur avance rarement à visage découvert. Il séduit d’abord avant de rejeter sans raison objective.
- Au moment du rejet, l’incompréhension et le besoin vital de plaire pousse la victime à chercher à comprendre, puis n’obtenant pas de réponse satisfaisante, elle va tout faire pour "se racheter", en supposant qu’il y a forcément une bonne raison qui légitime le rejet. Ce qui suppose que la victime aurait fait quelque chose de mal. Croyance que la personnalité harceleuse alimente à coup d’allusions ou d’attitudes ambiguës qui vont augmenter crescendo.
- La victime va donc tout faire pour plaire, compensant en permanence les contre-ordres et contradictions. Essayant de négocier, de tempérer, d’arrondir les angles, bref, de plaire au harceleur dans l’espoir que cela calmera le harceleur et qu’il cessera. Cherchant à comprendre la logique mise en œuvre. Si en plus elle est compétente, la bataille est perdue d’avance car plus elle voudra comprendre, plus elle fera tout pour plaire, plus le harceleur aura prise.
- Les conditions de mises en place du harcèlement répondent majoritairement à des buts et objectifs personnels difficiles à cerner et donc à contrer…Car il est parfois difficile de comprendre à quoi sert de prendre un pouvoir et pourquoi désirer prendre un pouvoir, parfois totalement imaginaire ou déjà acquis.
- Suite à l’incompréhension, vient le sentiment d’injustice, de frustration et de colère, le temps passant c’est la fatigue liée à l’usure qui déclenche la déprime. La victime s’enfonce dans la solitude et l’isolement sans qu’elle comprenne ce qui lui arrive, elle qui tente tant de tout faire si bien. Cercle vicieux qui s’appuie sur une faille de la victime : son besoin de plaire et donc son refus d’entrer en conflit.

5- Ce qu’il faut faire pour résister à un harceleur ?
Il y a des moyens de contrer ce type de comportement, par contre autant vous avertir tout de suite que cela nécessite beaucoup d’énergie. Le harcèlement s’appuie sur une méthode de déstabilisation en provoquant des situations ou des réponses absurdes. Ne surtout pas entrer dans ce jeu.

Ce que vous devez absolument faire :

- Prendre vos distances… Une victime cherche souvent à négocier sa tranquillité en arrondissant les angles, en copinant, en étant plus conciliant… pour "adoucir" le harceleur. Erreur ! Quand une personne commence à harceler, rien ne l’arrêtera, par contre vous pouvez ralentir et limiter sa progression et donc les dégâts en prenant vos distances… Ne surtout pas chercher à plaire !

- Appuyez-vous sur des faits ! Renseignez-vous ! Le harceleur déstabilise et perturbe les repères de leur victime. Raccrochez-vous à tout ce qui rationnellement vous permet de rester cohérent avec vous-mêmes. Renseignez-vous sur vos droits et vos devoirs. Dans le milieu du travail, relisez votre contrat de travail, demandez une trace écrite de vos tâches. Tournez-vous vers la loi, (vérifier vos droits en appelant la direction départementale du travail), Tournez-vous vers les règlements spécifiques qui régissent les droits et devoirs d’une organisation (renseignez-vous sur les conventions collectives de votre activité). Dans votre vie privée, Tenez-vous à distance des personnalités harceleuses, éviter de laisser votre portable allumer quand ce n’est pas nécessaire. Résister à l’envie de répondre à des SMS, mêmes gentils. Les personnalités harceleuses savent se rappeler à votre bon souvenir, histoire d’ajouter de la pression et de vous mettre en hyper vigilance. Pour les enfants, il y a les professeurs, le psychologue, le/la directeur(rice) d’établissement. Pour les couples, voyez avec les assistants sociaux, parlez à votre médecin traitant, appeler les numéros verts des associations d’aide aux victimes… Au moindre doute, RENSEIGNEZ-VOUS !
Le rappel des règles et des lois, s’il ne permet pas d’arrêter votre harceleur permettra à votre estime de soi d’être préservée ! C’est l’équivalent d’une bouée de sauvetage. Elle ne peut empêcher le bateau de couler, et donc pour vous, d’être jeté à l’eau mais au moins elle vous sauvera la vie !

- Ne jamais négliger le pouvoir destructeur du harcèlement ! Il faut parfois des années pour s’en remettre et retrouver confiance en soi et dans les autres. Le harcèlement est très déstructurant pour la victime. N’oubliez pas que le harceleur est le champion de la suggestion, de la mauvaise foi, du mensonge. Il est maître ES manipulation. - Les personnalités harceleuses sont souvent subtiles, vous manipulent pour modifier votre perception des réalités, déclenchant incompréhension et sensation d’irréalité qui pousse les victimes à se retrancher dans le silence et l’isolement, incapable de comprendre et d’analyser ce qui leur arrive. De plus leur entourage tente souvent de minimiser le processus pourtant dangereux et destructeur.

- C’est pourquoi IL FAUT PARLER. Beaucoup et le plus possible. La parole est non seulement libératrice, mais plus vous parlerez, plus vous aurez de témoins, plus vous raconterez ce que vous vivez, subissez et plus vous aurez de chance de trouver des personnes susceptibles de vous libérer d’une éventuelle emprise et surtout vous permettra d’éviter une baisse d’estime de soi. De plus, la parole neutralise souvent le harceleur qui lui, joue beaucoup avec les non-dits et le silence et manipule les esprits pour les fragiliser. Plus vous parlerez et raconterez ce que vous fait vivre le harceleur et plus il perd de son emprise sur vous car prend le risque d’être démasqué…

A ne surtout pas faire :

- N’essayer pas de rationaliser l’absurde, vous entreriez dans le jeu du harceleur en vous justifiant. Le mécanisme de défense, hyper efficace du harceleur, est la mauvaise foi. Et contrairement à ce que dit le dicton populaire « la vérité ne vaincra pas ». La mauvaise foi, si !

- Ne pas non plus laisser la colère générée par l’injustice de ce que vous vivez prendre le pas. Vous manifesteriez des comportements irrationnels que le harceleur n’hésiterait pas (et même attend de vous) pour les retourner contre vous et vous décrédibiliser, vous et votre parole. N’hésitez pas à vous faire aider de quelqu’un d’extérieur à la situation, ce qui vous rendra l’objectivité que le harceleur n’aura de cesse de vous retirer.

Le harcèlement est une plaie inhérente à toute société et organisation sociale. Il y aura toujours des personnalités en souffrance, car les personnalités harceleuses sont majoritairement des personnalités en souffrance, qui demandent, exigent, réparation par de la reconnaissance au point de tout écraser sur leur chemin. Les moyens utilisés justifient rarement les fins et surtout ne permettent jamais l’obtention d’une fin désirée. Destructeur, le harcèlement est contreproductif autant pour la personnalité harceleuse que la victime… Pourtant, c’est le moyen le plus communément employé. Illogique, n’est-ce pas ? Mais plus simple et rapide à mettre en application que de faire un vrai travail sur soi et obtenir autrement cette reconnaissance si douloureusement nécessaire. Encore une fois, le harcèlement est le résultat d’un calcul psychique de courts termes terriblement destructeur pour les personnes qui en sont victimes, d'autant plus qu'il est souvent sans trace visible pour l'entourage, la police et la justice. Difficile à voir et à prouver, le harcèlement est, malheureusement, rarement condamné. 

Le jeudi 8 Août 2013, France 2 a diffusé (rediffusion le dimanche 11 Août) l'émission "Dans les yeux d'Olivier: Sous l'emprise d'un manipulateur". Olivier Delacroix, journaliste, rencontre et interviewe les victimes de 4 affaires de manipulation. Passionnant.
On peut trouver des extraits de ce programme sur YouTube

Sinon, L'EXPRESS a publié plusieurs articles sur les personnalités narcissiques donc celui-ci:
www.lexpress.fr/.../psycho/comment-se-proteger-des-grands-narcissiques...
Passionnant !

jeudi 8 mars 2012

La domination masculine | Synopsis | Domination masculine | Mouvements de cinéma | fr - ARTE

La domination masculine | Synopsis | Domination masculine | Mouvements de cinéma | fr - ARTE

Ce sujet, plus sociologique que psychologique, ramène néanmoins à des questions fondamentales. D'un point de vue biologique et psychologique, hommes et femmes sont différents. Mais doit-on considérer ces différences comme fondamentales pour légitimer les inégalités. C'est là que le bât blesse. La plupart des gens s'appuient sur ces différences pour croire qu'ils sont plus que ou au contraire moins que. La faute ou du moins la responsabilité incombe autant aux femmes qu'aux hommes. Ce documentaire souligne l'importance de l'éducation dans cette différenciation, mais aussi la différence de perception entre hommes et femmes. Une femme qui revendique pour être considérée au même titre qu'un homme est prise pour une virago, une hystérique, aux yeux de nombreux hommes. Le fait même de revendiquer est perçu comme une provocation et donc est considéré comme exagéré... En QUOI ? Où est la provocation ? Et à quel titre un homme peut-il se croire supérieur à une femme sous prétexte qu'il est un homme ? Pourquoi une femme devrait se sentir inférieure sous prétexte qu'elle est une femme ? Comparons ce qui est comparable.  Un homme peut se croire et se sait supérieur si on compare sa masse musculaire à celle d'une femme. Mais rassurez moi, un homme n'est pas juste une masse musculaire ? SI ? De même, un homme a un pénis, un phallus symbole de pouvoir... Les femmes ont un vagin, pas de pénis, mais de là à dire qu'elle n'a pas de pouvoir... N'oublions pas que les femmes ont un autre atout qui peut être considéré comme l'équivalent du pénis... C'est le clitoris... Dans le film "Ce que veulent les femmes" avec Mel Gibson et Hélène Hunt, Mel Gibson découvre que les femmes ne désirent absolument pas posséder un pénis, contrairement à la croyance générale, en grande partie véhiculée par la psychanalyse et Freud en particulier. Qu'elles s'en moquent totalement... C'est totalement vrai ! Et pour le coup Freud avait tort ! (Désolée d'égratigner le père de la psychanalyse ! mais on ne peut pas toujours avoir raison !). Que les femmes n'aient pas autant de testostérone que les hommes dans leur organisme, qu'elles ne possèdent pas de pénis, que leur masse musculaire ne soit pas aussi importante que celle des hommes, n'en fait en aucune manière des êtres faibles... Au contraire. Portée par leur capacité de communication, de créer du lien, d'être polyvalente et poly-tâches, les femmes ont de sacrés atouts... Aux hommes de comprendre que ces atouts sont de nature non pas à les spolier de leur pseudo pouvoir mais au contraire à compléter leur pouvoir. Les hommes sont machos, non pas parce qu'ils sont supérieurs, ils le sont parce qu'ils ont peur de devoir reconnaître et admettre qu'ils ne sont pas PLUS QUE les femmes et même qu'à niveau de compétences équivalentes, ils sont peut-être MOINS QUE....
Nous savons que la force et la violence est le recours des faibles. Le machisme et la discrimination des femmes SONT une forme de violence. Démonstration est donc faite, via l'attitude des hommes, qu'ils se sentent faibles et menacés... Si les hommes veulent être considérés comme forts, ils doivent commencer par cesser d'avoir peur des femmes. Un homme et une femme sont avant tout des individus constitués de chair et de sang. Comparer un homme avec une femme et vice versa n'est pas plus pertinent que de comparer deux hommes ou deux femmes de corpulences et de compétences très différentes... Résumer une différence à un sexe est totalement absurde... et pousse à des comportements ridicules, et même dangereux... Rappelons que le féminisme n'est pas une guerre. Aujourd'hui, les femmes veulent être partenaires des hommes et non pas des adversaires. Le problème n'est pas et n'a jamais été une histoire de sexe, mais d'estime de soi. Restaurer une estime personnelle pour les hommes et les femmes est la clé d'une égalité enfin possible. Mais ce n'est pas gagné ! Je vous laisse le découvrir avec ce documentaire...


lundi 16 janvier 2012

Que signifie être un homme ou une femme au 21 ème siècle et en quoi cela a-t-il des incidences sur les couples ?

Pourquoi une telle question ? Parce qu’elle est à l’origine des déboires de nombreux jeunes couples hétérosexuels. Qui dit couple, dit complémentarités et donc distributions des rôles. Et c’est là que ça se complique. Pour beaucoup, être en couple est censé être simple. C’est le moyen d’unir les compétences de deux individus complémentaires pour réaliser un projet de vie commun que seuls, ils ne pourraient réaliser. Or, dans l’inconscient collectif de nombreuses personnes, les compétences de chacun (fort-faible), à la base du rôle que chacun tient dans le couple (dominant-dominé), sont liées à son genre (masculin-féminin).

Pour faire simple, être en couple c’est forcément mettre en évidence et exploiter au mieux les compétences naturelles liées à son sexe. L’homme est fort et donc chef de famille, ramenant l’argent ou du moins de quoi nourrir sa famille. La femme est la génitrice, elle fait les enfants, les élève, les éduque et donc doit rester à la maison pour gérer le foyer.

Deux genres, deux types de compétences, deux rôles parfaitement définis.

Sauf que ce n’est plus le cas. La société a évolué. Les rôles ont été redistribués. Et si le mariage a le vent en poupe actuellement, c’est probablement, indépendamment des avantages fiscaux qu’il procure, ne soyons pas naïfs, parce qu’il continue d’être porteur de repères stables et rassurants liés à une conception passée et même franchement dépassée du mariage. Et qui dit conception dépassée, dit souvent réalité décevante. Résultat : un mariage sur deux finit en divorce.

Attention, cela ne signifie pas que le mariage ou plus simplement la vie de couple soit un modèle obsolète. Loin de là. C’est sa conception, l’imaginaire collectif qui enrobe cette conception, qui est à revoir et actualiser. Il s’agit de séparer ce qui a été si longtemps confondu, du fait du fonctionnement de la société, l’aspect biologique de l’aspect psychologique.

Et cela revient à revoir les modèles du passé, les décrypter pour comprendre d’où vient cette confusion, cette erreur de perception à l’origine des échecs actuels, si nombreux. Ce qui passe par définir et redéfinir ce que signifie être un homme ou une femme au 21 ème siècle. Car contrairement aux couples homosexuels, les couples hétérosexuels n’ont toujours pas compris, parce qu’ils étaient composés d’individus de sexes différents, que compétences et rôles étaient principalement liés à l’aspect psychologique, à la personnalité, qualités et défauts intrinsèques de la personne et non pas au sexe (masculin-féminin).

Pour séparer la biologie de la psychologie, les compétences innées des compétences acquises, revenons à ce qui définit un homme et une femme.

D’un point de vue biologique :
Chaque individu détient 46 chromosomes soit 23 paires de chromosomes. 23 Venant de la mère et 23 autres venant du père. Sauf exception, comme avec le syndrome de Down appelé aussi trisomie 21, où il y a 3 chromosomes au lieu de 2 à la "paire " 21, ou bien lorsqu’il y a à la 23 ème "paire" XYY, ou XYYY, combinaison longtemps associée à de l’hyper agressivité à l’origine des tendances homicides de ceux qui en étaient porteurs, théorie invalidée depuis.

Spécificité des hommes. Genre : masculin. Génétiquement, sa 23 ème paire de chromosomes composant sa spécificité sexuelle est XY. Ce chromosome Y est très important. Sa présence est à l’origine de la fabrication d’une hormone, la testostérone à l’origine des organes sexuels masculins, pénis et testicules, prostate, de la pilosité, de la structure osseuse du bassin, et une masse musculaire peu graisseuse, ce qui se traduit, du moins pour ceux qui l’entretiennent, d’une certaine musculature.
C’est également l’hormone de l’agressivité.

Spécificité des femmes. Genre : féminin. Génétiquement, sa 23 ème paire de chromosomes composant sa spécificité sexuelle est XX. Bien que possédant un peu de testostérone dans le sang, c’est en trop faible quantité pour avoir une influence biologique significative telle l’apparition d’organes masculins. Cela étant, cela peut arriver comme avec le cas des personnes hermaphrodites, c'est-à-dire possédant des organes génitaux masculins ET féminins. La combinaison XX est à l’origine de la présence d’hormones féminines telle que la progestérone, l’œstrogène et la neurohormone appelée ocytocine qui a la particularité d’être la neurohormone de l’attachement. Les femmes développent donc des organes sexuels féminins, utérus, ovaires et trompes de fallope, une poitrine avec des glandes mammaires permettant la lactation, une faible pilosité, une structure du bassin permettant la gestation et une masse musculaire associée à une masse graisseuse permettant de favoriser la gestation.

D’un point de vue psychologique :
Pendant longtemps on confondait spécificités biologiques avec compétences psychologiques. La masse musculaire et l’agressivité étant l’apanage des hommes, la société a spécialisé les hommes aux tâches extérieures, difficiles physiquement, allant jusqu’à valoriser cette force et l’étendant à leur psychologie en laissant croire que force physique signifiait aussi force mentale, force de caractère et donc intelligence. Les hommes se trouvaient donc parés de compétences et de qualités qu’ils n’avaient pas forcément.
A l’inverse, les femmes, de part leurs compétences de génitrice et d’éducatrice étaient cantonnées à des tâches intérieures, peu démonstratives, et donc peu valorisantes. Leur manque de force physique fut associé à de la faiblesse, de la fragilité, et donc d’une faible force de caractère et donc d’une faible intelligence. Les femmes se trouvaient donc affublées de "défauts" qu’elles n’avaient pas forcément.

La nature imposait les règles et modelait les comportements de l’être humain, l’obligeant à se plier à ses contingences. D’où, pour la survie de l’espèce, l’obligation pour l’homme et la femme de respecter le rôle que la biologie avait conditionnée pour eux en les parant de compétences COMPLÉMENTAIRES aussi essentielles les unes que les autres mais que l’esprit humain QUALIFIERA subjectivement de qualités et défauts au moment où des changements notables imposeront la confrontation entre hommes et femmes.

Mais jusque là, tant que les rôles de chacun étaient dévolus en fonction des compétences physiologiques, elles-mêmes associées à des particularités psychologiques, il était rapide de faire des amalgames entre biologie et psychologie, sachant que, de plus, les rôles de chacun, complémentaires et n’empiétant pas sur le territoire de l’autre, ne souffraient d’aucune comparaison entre les sexes, ce qui auraient pu corriger cette confusion entre genres et compétences.

Sauf que, je le rappelle, la société a changé. Les rôles de chacun ont été modifiés au cours du temps, se mêlant, se confrontant, et s’opposant là où, finalement il n’y avait aucune raison de s’opposer. Mais comment un tel changement s’est mis en place et avec quelles conséquences ?

Avec l’industrialisation du début du 20 ème siècle, l’Homme a commencé à inverser le rapport de force entre l’Homme et la nature. La complémentarité n’apparut plus comme une évidence. L’évolution industrielle, la mécanisation, facilitant le travail, permettait aux femmes d’utiliser des compétences que les hommes pensaient être les seuls à posséder. La force. Ce qui sous entendaient qu’elles pouvaient être parées également d’intelligence puisque les deux étaient communément associées. Ce fut le début d’un combat acharné entre hommes et femmes. Les uns faisant actes de résistances face à un changement qu’ils n’étaient pas disposés à accepter, après tout, eux n’avaient rien demandés, et les autres qui découvraient qu’elles étaient parées de qualités qu’on ne leur avait jamais reconnues mais qui existaient bel et bien.

La première victimes de ce conflit : le couple. Si le rôle de chacun et chacune n’était pas si évident, alors comment se comporter ? Comment construire avec l’autre si on ne sait quel est son rôle puisque les compétences ne sont pas nécessairement complémentaires ?

Avec les années 50, l’après guerre accéléra les changements et l’évolution des mœurs surtout grâce au besoin de plus en plus prégnant de reconnaissance des femmes. Elles avaient prouvé qu’elles avaient joué un rôle important dans l’industrie de l’armement et dans la préservation de la vie alors que les hommes la détruisaient au combat. Cependant, les femmes n’étaient toujours pas maîtresses de leur destin et encore moins de leur utérus. En faisant des enfants, elles se retrouvaient piégées à la maison, cantonnées dans des tâches ménagères.

Avec les années 60 et 70, c’est le début de la révolution sexuelle. Les femmes prenaient le pouvoir sur la nature en accédant à la contraception et au droit à l’avortement légal. Elles pouvaient ne plus être de simples incubateurs. Mais face à ces changements, la résistance des hommes se renforça. Les rôles perdurèrent, alimentés par une politique machiste contraignant les femmes à rester dépendantes du bon vouloir de leur mari. Ainsi une femme ne pouvait pas travailler, ni ouvrir un compte en banque en son nom propre. Elle devait avoir la permission de son père pour les célibataires ou de son mari pour les femmes mariées…
En conséquence de quoi, les femmes durent durcir le ton et des mouvements féministes extrêmes naquirent. Le MLF, Le mouvement de libération de la femme, apparut. Bien évidemment, la résistance masculine s’accrut. Les féministes étaient traitées d’Amazones qui détestaient les hommes. Ce qui était rarement le cas bien que cette réaction ait peut-être développé ce genre de réaction extrême chez une minorité de femmes. En même temps, à force de chercher, on finit par trouver, n’est-ce pas ?

Les hommes s’étaient arrogés le pouvoir absolu sur les femmes depuis la nuit des temps sans opposition de la part des femmes car la situation et le contexte ne le nécessitaient pas. Les choses changeaient. Ils eurent peur de perdre leurs privilèges et s’y accrochèrent d’autant plus. Ils traduisirent la revendication des femmes à être reconnue et comme ayant les mêmes droits que les hommes comme une déclaration de guerre. Après tout, si les femmes acquerraient leur indépendance, que restait-il de pouvoir aux hommes ? Que devenaient-ils ? Les fondements mêmes du couple et de l’identité sexuelle vacillaient, déclenchant une peur viscérale et une levée de boucliers sous forme de discriminations et une politique de dénigrement systématique des féministes et de leur mouvement. Étrange ce que la peur peut déclencher, n’est-ce pas ? Ne souriez pas, le combat reste malheureusement d’actualité, bien que nous soyons au 21 ème siècle… La différence de traitement des salaires entre hommes et femmes en est un triste exemple… De même que la remise en question récurrente du droit à l'avortement dans de nombreuses sociétés dites modernes et démocratiques.

Avec les années 80, les femmes comprirent que la bataille ne pouvait se gagner dans les affrontements directs. Opposer les hommes aux femmes n’avait aucun sens. Les femmes ne sont pas et ne seront jamais des hommes et vice versa. Le combat devait se mener ailleurs. Elles partirent donc à la conquête, du travail, de la famille, de la vie sociale… Elles étaient sur tous les fronts, bataillant pour prouver qu’elles pouvaient réussir sur tous les plans sans rien sacrifier… Les wonderwomen étaient nées. Michel Sardou avec sa chanson "Femmes des années 80" sut parfaitement l’illustrer.

Avec les années 90, ce fut le temps des bilans. Les femmes avaient bien gagné en reconnaissance. Elles étaient capables de réussir comme les hommes, voire mieux pour certaines, mais à quel prix… Elles prirent conscience qu’elles ne pouvaient tout avoir et devaient faire des choix. Emergea alors un besoin plus fondamental, celui d’exister par elles-mêmes et non pas en complémentarité ou en opposition aux hommes. Elles revendiquèrent de plus en plus le besoin d’exister pour elles-mêmes et non pas en tant qu’épouse de, compagne de, mère de, employée de… Les hommes en perdirent leur latin au point de faire naître une nouvelle génération d’hommes complètement paumés, incapable de savoir que faire et comment se comporter avec les femmes tandis qu’un certain nombre d’entre eux choisissaient de se réfugier dans les anciens schémas au point de devenir de véritables machos… Et puis, on commença à trouver de nouveaux schémas. Les métro sexuels, ces hommes qui s’occupent d’eux et de leur apparence comme le fait une femme, tout en restant des hommes virils et sûrs de leur pouvoir, apparaissaient timidement.

Avec les années 2000, alors que les hommes commencent à explorer de nouveaux schémas, les femmes plongent plus encore dans la confusion. On note même une certaine régression des comportements féminins. Face à une nouvelle approche de la féminité et du rôle de la femme, certaines choisissent de suivre le chemin tracé par certains hommes et trouvent refuge dans des comportements et mentalités issus des schémas stéréotypés de la femme soumise… Seulement les divers combats féminins ont laissé des traces. Difficile pour les femmes de faire machine arrière… On peut toujours dire et penser que la femme à la maison, c’est l’idéal, mais dans les faits, la liberté de choisir et de pouvoir librement vivre sa vie autrement, parasitent et perturbent en permanence ces décisions tirées d’un passé révolu… Je rappelle qu’un couple sur deux divorce aujourd’hui… Il n’est pas difficile de comprendre que pour les couples non mariés, les séparations sont encore plus nombreuses. De là à en déduire que les schémas comportementaux tirés du passé ne sont plus appropriés est une évidence. Les hommes ne savent que faire. Le machisme est dépassé mais être un métro sexuel est encore trop pour certains.

Alors que faire ? Nous avons vu qu’être un homme ou une femme ne définissait pas automatiquement un comportement et donc un rôle. Le développement de l'imagerie médicale a permis de s'intéresser aux différences cérébrales, sur lesquelles s'appuient de nombreuses personnes, pour aboutir au résultats que les différences physiologiques entre les cerveaux des femmes et celui des hommes n'étaient pas significatives et donc ne justifiaient plus des différences de traitements stéréotypés.
Il est fort à parier que les modèles du futur sont encore à construire, que certains modèles présents sont encore à l’essai, tel le phénomène des hommes-enfants, les Peter Pan, qui refusent de grandir et qui s’étonnent ensuite de ne pas trouver de partenaire… Le prince charmant n’a jamais existé, de même que la princesse charmante… L’homme idéal et la femme idéale n’existent pas… le couple idéal encore moins. Plus que de savoir en quoi être un homme ou une femme définit le rôle de chacun dans le couple, c’est savoir qui l’on est et ce que l’on veut partager qui est essentiel. Chercher à reproduire le schéma de couple de nos parents n’a plus aucun sens. Une femme n’a pas à savoir obligatoirement cuisiner et les hommes peuvent exprimer leurs émotions sans craindre de se trouver affubler de mauvaise compagne pour madame et de femmelette pour monsieur… Les stéréotypes ont la vie dure. A chacun d’entre nous de les revisiter pour les changer.

Être un homme ou une femme au 21 ème siècle c’est avant tout s’accepter avec ses compétences et caractéristiques biologiques innées mais aussi avec ses particularités psychologiques, ses forces et ses faiblesses, ses acquis. Les changements de rôle des hommes et des femmes sont la conséquence des changements de la société pas de changements des genres. Inutile de culpabiliser de ne pas correspondre aux schémas du passé.

Les femmes au caractère bien trempé ont toujours existé de même que les hommes émotifs. Cela ne remet pas en question la féminité d’une femme ou la virilité d’un homme sinon dans notre perception et au regard de nos conceptions passées pas de la réalité.

Alors suis-je toujours un homme si je manifeste des caractéristiques qu’on attribue généralement à une femme, douceur, émotivité, tendresse, délicatesse ? Suis-je toujours une femme si je manifeste des caractéristiques qu’on attribue généralement à un homme, agressivité, volonté, force de caractère, ambition ?
La réponse est naturellement OUI. Mais avant d’attendre que les autres vous en assurent et vous rassurent, peut-être faut-il que vous en soyez convaincus.
Cessons de confondre genres avec caractéristiques et caractéristiques avec rôles. Évitons les raccourcis et les amalgames.

A la question : que signifie être un homme ou une femme au 21 ème siècle ? La réponse ne dépend que de vous, de ce qui vous définit physiquement et psychologiquement indépendamment de tout schéma et stéréotype. Vous verrez que par voie de conséquence votre couple s’en trouvera plus facile à construire et cessera d’être un facteur de déception.

Tout reste à faire… A vous de jouer.

Pour plus d'informations sur les préjugés liés au "genre", et les dernières découvertes en neurosciences brisant les stéréotypes fortement ancrés dans notre inconscient collectif, je conseil fortement la conférence de Madame Vidal diffusée sur You Tube à l'adresse suivante:
https://youtu.be/ERaSCECpbSk