lundi 24 octobre 2011

Moi, cet Autre que je ne connais pas...

"Ce qui effraie le plus l’Homme, c’est Inconnu. Sitôt cet Inconnu, même adverse, identifié, l’Homme se sent rassuré. Mais « ne pas savoir » déclenche son processus d’imagination. Apparaît alors en chacun son démon intérieur, son « pire personnel ». Et croyant affronter les ténèbres, il affronte les monstres fantasmagoriques de son propre inconscient." Citation tirée du livre de Bernard Werber, "Nous les dieux". (Livre de poche, P. 21)
Cette phrase résume à elle seule ce qui explique que de nombreuses personnes, pourtant conscientes d’avoir besoin d’être aidées, hésitent à faire appel à un professionnel de la psychologie. Ils ont peur !
Non pas du qu’en dira-t-on… quoique, et pas non plus parce qu’elles ne croient pas en la psychothérapie, au contraire. Ce n’est pas la peur de l’Autre, un individu extérieur, externe, qui fait le plus peur, mais c’est l’Autre intérieur, interne et inconnu de soi qui effraie le plus.
Mais pourquoi ? Pour connaître la réponse demandons-nous, qui est cet Autre intérieur que nous redoutons tous plus ou moins et qui alimente notre peur.
Dans l’article, "Comment Ça fonctionne ? Qui est Moi ? Qu’est-ce que le Surmoi ? Et que vient faire Œdipe dans cette histoire ?", on apprend comment, selon la deuxième topique freudienne, notre personnalité psychique est constituée. Le "Je" que nous employons pour nous exprimer est le résultat de l’expression du "Moi". Le "Moi" est cette instance psychique issue d’un compromis entre deux autres instances qui sont le "Surmoi", représentant l’intériorisation de la loi, des interdits, des règles et le "Ça", représentant les pulsions, envies, désirs.

C’est le compromis entre ce que Freud nomme le "Principe de plaisir" (Ça) et le "Principe de Réalité" (le Surmoi).

Nous utilisons souvent une image simple pour représenter ce conflit. Imaginez-vous avec sur chacune de vos épaules, d’un côté un petit Ange symbolisant le "Surmoi", le bien puisque du côté de la loi et de l’autre un petit Démon symbolisant le "Ça", le mal puisque du côté de la pulsion et du non contrôle. Le "Je" que vous allez utiliser pour vous exprimer est le compromis entre les arguments de l’un et de l’autre, chacun défendant son point de vue et essayant de faire pencher la balance en sa faveur en essayant de vous convaincre de penser, dire et faire quelque chose de bien ou de mal, comme si la vie et plus particulièrement la psyché se divisait en bien et mal.

C’est justement là que la confusion s’installe. On s’imagine la construction du "Moi" comme le résultat d’un combat entre le bien et le mal où le bien l’emporterait, puisque quand on dit "Je", on suppose, comme chacun d’entre nous préfère le penser, qu’on est quelqu’un de bien.

Sauf que parfois, lorsque nous disons "Je", s’associe un mal être, une souffrance dont on ne sait d’où elle vient. On pense faire au mieux, être quelqu’un de bien, ou du moins faire ce qu’il faut pour être quelqu’un de bien et pourtant on se sent mal. Troublant, non ? Du coup, un doute s’installe. Si en faisant les choses bien, en se comportant comme il se doit, on se sent mal, c'est-à-dire qu’on manifeste un désaccord avec soi-même, c’est que peut-être, nous ne sommes pas bien et qu’il y a peut-être quelque chose de mal, de mauvais en nous. Certains ont même la sensation d’être schizophrène, d’être divisé comme s’ils étaient Ange et Démon en même temps.

Le fait est que nous n’avons pas accès à notre inconscient, à cet Autre en nous qui nous échappe. Et lorsqu'on se sent en mal être, nous sommes en droit de nous inquiéter de qui nous sommes vraiment.

Une chanson de Jean-Jacques Goldman illustre très bien cette inquiétude légitime. "Né en 17 à Leidenstadt". Très belle chanson interprétée par Jean-Jacques Goldman, Carole Fredericks et Michael Jones.

www.dailymotion.com. 2008 - 4 mntrès belle chanson chantée en trio par /.../x45gq3_jean-jacques-goldman-ne-en...24janvGoldman, michael Jones et Karol Fredericks en 1991
www.youtube.com/watch févr. 2010 - 4 mn né en 17 à Leidenstadt par : Carole FREDERICKS, Jean-Jacques GOLDMAN, Michael Jones. LYRICS►► Et si j'étais né en ...
www.paroles-musique.com › VariétéJean-Jacques Goldman 

L’un des couplets dit ceci : "On ne saura jamais c’qu’on a vraiment dans nos ventres, caché derrière nos apparences, l’âme d’un brave, ou d’un complice ou d’un bourreau ? Ou le pire ou le plus beau ? Serions de ceux qui résistent ou bien les moutons d’un troupeau, s’il fallait plus que les mots ? "

Cette chanson est un hymne à la tolérance. Elle nous interroge et nous demande : qui sommes-nous pour juger des autres ? Car effectivement : Qui sommes-nous ? Et c’est cette question qui nous interroge tous à un moment ou un autre de notre vie, surtout quand on se sent mal.

Parfois les événements de la vie nous l’apprennent malgré nous. Je prendrai l’exemple d’Oscar Schindler", homme d’affaire Allemand sans envergure, macho, flambeur, infidèle qui se révéla être un homme de cœur, courageux, loyal, résistant pendant la deuxième guerre mondiale et qui sauva des milliers de Juifs. "Steven Spielberg" a fait de cette histoire vraie un superbe film, "La liste de Schindler".
Mais nous n’avons pas toujours la possibilité de révéler aux autres et surtout à soi-même qui nous sommes vraiment. Et comme le dit Jean-Jacques Goldman dans la chanson, il faut peut-être mieux ne pas le savoir… et avoir encore moins l’occasion de le découvrir.

Cependant, cette peur de découvrir que cet Autre en soi est forcément mauvais est illégitime. Il arrive que parfois, nous soyons obliger d’aller explorer cette facette de notre personnalité tout simplement parce qu’elle est à l’origine de notre mal être. Mais qui dit mal être ne dit pas forcément être mauvais. Le mal être est le résultat d’un conflit qui n’a pas trouvé une résolution satisfaisante pour notre inconscient, cela ne signifie pas que nous soyons mauvais. Travailler sur soi n’est pas prendre le risque de révéler le Démon tapis au fond de soi. Cela n’a rien à voir.

Travailler sur soi, c’est découvrir ce qu’on ne s’autorise pas et pourquoi. Les raisons en sont souvent très simples. C’est souvent le résultat d’une erreur d’interprétation de nos émotions, nos relations aux autres, de notre environnement. Dites-vous bien que le bien et le mal est très relatif et subjectif. Ne dit-on pas que ce sont les vainqueurs qui écrivent l’histoire ? Finalement, ce n’est qu’une interprétations mais qu’en est–il de la réalité ?

Avez-vous vu le film "The Truman Show" ? Indépendamment du fait que ce film dénonce les abus de la télé réalité, il démontre aussi un processus psychique inhérent à chaque être humain. Le besoin intrinsèque de l’espèce humaine est de ce lier aux autres de créer du contact. Cela signifie établir des liens et des interactions. Elles-mêmes à l’origine et génératrice de sentiments. Et qui dit sentiments, émotions, dits besoins, envies, et entraînent le besoin de changement. La psyché humaine ne peut se satisfaire de routine parfaite. Elle se nourrit de sentiments et donc de changements même si cela doit passer par des étapes douloureuses d’adaptations. C’est ce que se passe avec le personnage de "Jim Carrey" dans le film. Il tombe amoureux… et son monde si parfait, sans l’être aimé, perd de sa perfection et l’incite à s’interroger à chercher, à comprendre, à évoluer, même si cela signifie affronter une réalité moins agréable, la vie de monsieur et madame tout le monde avec son lot de problèmes, qu’il n’avait jamais eux.

On ne peut pas résumer le monde et la réalité à une opposition du bien contre le mal. C’est beaucoup trop réducteur. Cet Autre en nous, cet Inconnu qui nous fait peur parfois, cette part du "Moi" à laquelle nous n’avons pas accès, n’est pas nécessairement et même assez rarement mauvaise. Inconnu ne veut pas dire dangereux.

Soit, une part de nous nous est inconnue, mais doit-on la redouter pour autant ? Un mal être ressenti, à un moment ou l’autre de sa vie, n’est pas le nécessairement le signe d’une maladie mentale, d’un trouble psychologique grave, ou la manifestation du Démon qui ne demande qu’à s’exprimer !

Et si cet Autre, cet inconnu en nous n’était que l’expression d’un besoin de changement, de renouveau, d’explorer des territoires vierges, différents, et donc déroutants mais pleins de promesses. Et qui loin d’obscurcir votre vie l’éclairait, au contraire, de nouveautés, d’aventures et finalement de bonheur ?

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